Au nord (de Chambly), c’étaient les corons…

Au nord (de Chambly), c’étaient les corons…


Le mercredi 21 décembre, retrouvez « Jojo la frite » pour le dernier match de l’année (coup d’envoi à 20 heures) du FC Chambly face aux Herbiers (photo J.-L. G.).

 

Nordiste bon teint et précieux bénévole du FC Chambly, « Jojo la frite » est un personnage haut en verbe et en couleurs du stade des Marais.

 

Dès que la mi-temps est sifflée au stade des Marais, à Chambly, il devient l’homme le plus important des lieux. Surtout l’hiver, lorsque les calories sont vite brûlées par le froid, qu’il devient urgent de consommer solide et liquide. Alors entre en scène « Jojo la frite », comme c’est écrit au dos de son maillot du FC Chambly-Oise. Surnom amplement mérité qui côtoie deux chiffres : 62. Car le personnage de la friterie est originaire du Pas-de-Calais. Cela s’entend et cela se voit aussi au premier coup d’œil. Sur un mur, il a scotché une feuille où il a écrit les paroles des « Corons », la chanson de Pierre Bachelet devenue culte au stade Bollaert de Lens. Un « hymne » repris par des milliers de supporters lorsque les joueurs du Racing sortent du tunnel pour la seconde mi-temps. « Quand j’ai entendu pour la première fois les ‘’Corons’’ à Bollaert… » « Jojo » ne finit pas sa phrase et tend ses bras pour expliquer que ce soir-là ses poils s’étaient redressés pour une mémorable chair de poule. Alors, il prolonge le plaisir. Tout en faisant danser les frites dans la graisse, il allume son magnéto et entonne un refrain qu’il connaît naturellement par cœur.

« Au nord c'étaient les corons,

La terre c'était le charbon,

Le ciel c'était l'horizon,

Les hommes de mineurs de fond… »

La voix de Lydie Pezon, l’une des proposées à la buvette, le ramène à la surface : « Deux, non trois frites ! » « Jojo » ne mollit pas.

« Poussez,

Poussez les avants lensois,

Poussez,

Poussez les avants lensois… »

Plus classique, moins historique, plus moderne, moins poétique :

« Tous ensemble, tous ensemble,

Ouais, ouais,

Tous ensemble, tous ensemble… » 

 

Lorsqu’il a assisté pour la première fois à un match au stade des Marais, en 2014, il n’était pas encore « Jojo la frite ». L’inconditionnel du RC Lens (à droite) s’était fait rapidement un copain parmi les supporters du FC Chambly (photo J.-L. G.).

 

« Je suis originaire d’Auchel, mes enfants habitent à Bruay-la-Buissière, raconte-t-il. Moi, j’ai surtout vécu en Seine-Saint-Denis. J’ai commencé chez Simca, qui est devenu Chrysler, puis Peugeot. Et j’ai travaillé à la Fonderie de Bondy ». Dur métier comme celui de ses aïeuls.

Il connaissait le FC Chambly car il a habité pendant trois ans, tout à côté, au Mesnil-en-Thelle, avant de repartir dans le 93. « Jojo » fait 100 bornes, aller et retour, les soirs de match à domicile. Il a mis les pieds pour la première fois au stade des Marais en mai 2014, lors d’un Chambly-Paris SG (1-1) préfigurant la montée en National. Ce jour-là, il n’était pas passé inaperçu avec son maillot du RC Lens, son casque de mineur et les roues de sa voiture munies d’enjoliveurs sang et or. A l’époque, il n’était pas dans la frite. « J’ai demandé s’il y avait des volontaires pour s’en occuper. On m’a répondu non. Alors je me suis proposé à partir de la saison 2014-2015 », explique Didier. Car nous vous devons la vérité : il s’appelle Didier, pas Georges. Alors pourquoi « Jojo la frite » et non « Didi la frite » ? Pourquoi donc ? « Une copine, Sandrine Chavillot, me surnommait ‘’Jo’’ et c’est devenu ‘’Jojo’’ ».

Des « Jojo », le FC Chambly en compte plusieurs dizaines, de la race (en voie de disparition) des bénévoles. Ils participent à la grande réussite de l'association. C’est ce que Fulvio Luzi, le président, répond lorsque ses interlocuteurs, partout dans l'hexagone, lui demandent comment le club d’une ville de moins de 10 000 habitants s’est inscrit dans le top 50 du football français.