Valérie Pécresse au soutien de Nathalie Groux

Valérie Pécresse au soutien de Nathalie Groux

 

La présidente (LR) de la Région Île-de-France était l’invitée vedette du maire de Beaumont (UDI), samedi 7 janvier, lors de la cérémonie des vœux succédant à une annus horribilis.

 

Ces vœux ne pouvaient ressembler à aucun des autres vœux précédents à Beaumont, après les violences urbaines qui ont ébranlé la ville depuis la mort d’Adama Traoré le 19 juillet 2016 (à la suite de son interpellation par les gendarmes dans des circonstances que la justice doit encore élucider). Les CV politiques n’ont sans doute jamais autant pesé à Beaumont lors d’une cérémonie de présentation des vœux de la municipalité qu’en ce samedi 7 janvier. Celle-ci s’est déroulée en fin d’après-midi à la salle Léo-Lagrange, sous haute surveillance comme toutes les manifestations publiques dans la commune depuis quelques mois. Avec un filtrage des personnes (qui se présentaient munies de leurs invitations) effectué à l’entrée par les gendarmes et les policiers municipaux. La grande scène, où se tenaient Nathalie Groux et son équipe municipale, était également placée sous le contrôle des forces de l’ordre. En face de la maire UDI, au premier rang, des invités de renom, issus des rangs des Républicains, venus témoigner par leur présence leur soutien à l’édile en ces temps très difficiles : Valérie Pécresse, présidente de la Région Île-de-France ; et sa vice-présidente Stéphanie Von Euw ; Arnaud Bazin, président du Conseil départemental du Val-d’Oise ; Philippe Houillon, député-maire de Pontoise ; le sénateur Francis Delattre ; et même un sénateur socialiste, Alain Richard, ancien ministre de la Défense. La symbolique de leur présence était renforcée par la teneur du discours de Valérie Pécresse sur le thème « on est avec vous, on ne vous laissera pas tomber », qui englobait le Haut Val-d’Oise (dont les villes de Persan et Champagne ont été des victimes collatérales des évènements beaumontois). L’ancienne ministre a ainsi évoqué le « serment de Persan » passé avec l’ancien maire Arnaud Bazin que cette partie du 95 « ne serait plus oubliée de la Région Île-de-France ». « Je suis venue pour vous parler de Beaumont, des évènements dramatiques qui ont conduits à des scènes de violence. ll faut qu’elles s’arrêtent, rien ne justifie la violence. Il faut faire confiance à la justice. Nathalie, je la connais depuis longtemps – elle était sur ma liste pour les Régionales –, c’est une élue intègre, engagée, de terrain, au service des Beaumontois. » Etait-ce une réponse à Assa Traoré, sœur aînée d’Adama, dont le site Mediapart avait donné la parole pour présenter ses vœux et qui a souhaité pour Beaumont « un maire proche de ses habitants » ?

Valérie Pécresse n’est pas venue seulement avec des mots réconfortants pour le maire. Elle a annoncé de « bonnes nouvelles pour Beaumont. Le lycée technique Evariste Galois est sur la liste des établissements qui serviront d’expérimentation pour la formation numérique en fibre optique et pose de fibre optique ». Elle a également évoqué la piscine intercommunale, réalisation soutenue par la Région à hauteur de 1,6 million d’€. Puis, sur un ton amical : « Nathalie a des projets d’embellissement de la ville, place du château… » Son discours, l’a fait traverser le pont de l’Oise à deux reprises, à Persan, vers le Parc d’activités du Chemin Herbu, en plein travaux, où il est question d’emplois. Et aussi : « On m’a dit que la caserne de gendarmerie de Persan est dans un état déplorable, notamment les portes de sécurité, ce n’est pas digne. Je viens de signer une convention avec le ministère de l’Intérieur pour la réalisation de travaux. »

 

De gauche à droite, Alain Richard (PS), ancien ministre de la Défense, Valérie Pécresse et des poids lourds val-d'oisiens des Républicains (photo J.-L. G.).

 

Les premiers mots de Nathalie Groux ont été prononcés pour saluer la mémoire de Michel Driancourt, son adjoint en charge de l’urbanisme,décédé brutalement en juin 2016. Et si elle est, bien sûr, largement revenue sur cette année noire pour Beaumont, en rappelant que le coût des destructions s’élevait à 185 000 €, c’est d’abord pour fustiger le traitement médiatique, selon elle « orienté » et « donnant une image de Beaumont en contradiction avec la réalité ». Elle a aussi critiqué les « écrits faciles » qui alimentent les réseaux sociaux et créent « le désordre ». « Penser que cette situation (les graves troubles) relève des élus, ce sont des propos irresponsables, une manipulation. » Elle a salué « le sang-froid des Beaumontois malgré leurs peurs ».

Passée de trois éléments à 2014, à neuf aujourd’hui, la police municipale sera « armée dans le cours du premier trimestre de 2017, face à l’évolution des menaces et des risques », décision prise avant l’été 2016.

Il existe également un projet sur trois ans de 58 caméras, dispositif qui coûtera 462 000 € TTC avec, pour l’heure, 114 500 € de subvention (dans l’attente d’une aide du Fonds interministériel de prévention de la délinquance). Pour conclure le long et lourd chapitre de la sécurité, Nathalie Groux a salué « le travail exemplaire des gendarmes », avec une note d’humour : « La Ville de Beaumont sera toujours à vos côtés mais j’avoue que j’aimerais bien vous voir moins souvent ».

 

Environ 300 personnes ont assisté à la cérémonie des vœux de la municipalité beaumontoise (photo J.-L. G.).

 

Puis elle a annoncé, pêle-mêle, l’étude pour une implantation économique dans la ZAE Saint-Roch, l’arrivée d’un manager de ville dans un contexte commercial extrêmement difficile, l’obligation qui sera faite aux propriétaires du centre ancien de faire ravaler les façades défraichies. Enfin, les travaux de la place du Château qui font fait couler beaucoup d’encre. « Des travaux majeurs pour la ville, sur la trois ans, commencés en septembre dernier et stoppé en décembre, déplorait l’édile. Pour les reprendre, nous avons besoin de deux autorisations. La première, du conservateur des Monuments historiques pour l’aménagement de la place du château. La seconde, de l’architecte des Bâtiments de France pour la requalification des rues du centre-ville ». Elle ajoutait en prenant son auditoire à témoin : « Le conservateur prône la suppression de tout ou partie du parking pour redonner à l’endroit, dit-il, son caractère d’antan, avec une basse-cour et des douves (fossés remplis d’eau) ». La salle a bien ri. Sauf les membres de l’opposition regroupée sous la bannière de « Rassembler pour Agir » qui dénoncent « un coût colossal pour la commune, et par conséquent pour les Beaumontois, de 3 500 000 € (avant subventions) ». Puis une vague de soulagement a parcouru le parquet de Léo-Lagrange lorsque, après avoir affirmé que la baisse des ressources de l’Etat aurait nécessité une hausse de 8 % des impôts locaux, Nathalie a réédité« (sa) promesse de ne pas les augmenter. »