Mairie-forteresse à Beaumont

Mairie-forteresse à Beaumont

Plus d'une centaine de gendarmes ont délimité et protégé un périmètre autour de l’hôtel de ville (photo M. B.).

 

La réunion du Conseil municipal s'est tenue sous haute protection dans la soirée du jeudi 9 décembre.

Rencontre entre le futur ex-ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve (quelques jours avant sa nomination comme Premier ministre) et Nathalie Groux, maire (UDI) de Beaumont, multiples réunions en Préfecture, venue du Préfet dans la commune dans le cadre de la signature d’une convention entre la gendarmerie et la police municipale… Les relations entre la Municipalité et les représentants de l’Etat s'étaient intensifiées ces dernières semaines à la suite de deux nuits de violence en novembre dans le quartier de Boyenval. Après les annulations des deux derniers Conseils, il n’était pas question d’un troisième report pour les autorités. Aussi l’Hôtel de ville avait été placé sous haute protection en cette soirée du jeudi 8 décembre. Environ 150 gendarmes filtraient l’unique l’accès alors qu'une partie de la rue de Paris, face à la mairie, était interdite à la circulation. Des contrôles  d'identité ont été effectués dans le centre-ville. La carte d'élu ne suffisait pas pour franchir les contrôles : les gendarmes téléphonaient aux policiers municipaux pour confirmer l'information ! Face à un dispositif aussi dissuasif, il n’y a pas eu d’incidents.

L’ancien maire a été refoulé

L’une des sœurs, Assa, la mère d’Adama Traoré (le jeune homme décédé le 19 juillet dernier lors de son interpellation par les gendarmes) et deux de leurs proches, ont pu assister à la séance du Conseil municipal. Sans surprise, les délibérations accordant la protection fonctionnelle au maire dans trois procédures judiciaires (la collectivité les financera à hauteur de 20 000 €) contre des individus qui l’ont menacé et outragé, ont été votées par la majorité (l’opposition s’est déclarée contre). « Bien que nous ne cautionnons absolument pas les injures, insultes, menaces envers une élue de la République, il n’en demeure pas moins que cette protection fonctionnelle payée par les Beaumontois n’est pas opportune, au regard de la situation tendue et conflictuelle que connaît notre ville. Il aurait été plus judicieux de tenir une table ronde pour permettre à chacun d’échanger son point de vue sur la situation. Chercher des solutions sur le long terme aurait pu apaiser les tensions que vivent les Beaumontois au quotidien », ont souligné, dans un communiqué, les membres de « Rassembler pour agir ». L’ancien maire, Fabrice Millereau, n’a pu pénétrer dans la mairie dont les sièges réservés au public étaient déjà occupés. « Scandaleux. Le Conseil municipal s’est réuni avec un public trié et sélectionné. Le maire honoraire, des anciens adjoints et anciens élus ont été refoulés par les gendarmes », s’est-il s’insurgé. « Rassembler pour agir » a également déploré l'impossibilité de poser des questions ouvertes « sous prétexte de l’application du règlement intérieur, alors que jusqu’à présent il n’a jamais été évoqué… » A l'inverse, Nathalie Groux s’est « félicitée du bon déroulement des débats dans la sérénité, le respect et l’écoute mutuelle. Cette sérénité est nécessaire et j’ose y voir enfin le signe d’un apaisement véritable, certes fragile, que chacun devra contribuer à maintenir pour toute la population ».