L’enquête sur la mort d’Adama Traoré relancée ?

L’enquête sur la mort d’Adama Traoré relancée ?

 

Quatre professeurs d’hôpitaux parisiens ont transmis à la justice le résultat de leurs expertises. Elles remettent en cause les conclusions de l’enquête exonérant la responsabilité de trois militaires dans la mort du Beaumontois Adama Traoré, le 19 juillet 2016, à la Gendarmerie de Persan.

Quelle est la cause précise de la mort d’Adama Traoré, le 19 juillet 2016, à la Brigade de gendarmerie de Persan, deux heures après son arrestation dans le quartier de Boyenval, à Beaumont ? L’enquête avait conclu à une mort par asphyxie en lien avec une maladie génétique et une pathologie rare, du jeune homme décédé le jour de ses 24 ans. Or, une expertise médicale vient contredire ces résultats. Ce rapport a été commandé par la famille Traoré auprès de quatre professeurs d’hôpitaux parisiens. Il a été communiqué le lundi 11 mars aux juges d'instruction à une étape clé du dossier. Les magistrates parisiennes avaient en effet décidé en décembre 2018 de boucler leurs investigations sans mettre en examen les trois gendarmes qui avaient interpellé Adama Traoré. Mais les quatre experts, dont deux spécialistes de ces maladies, dénoncent une conclusion « médicalement fausse, car elle ne repose que sur des spéculations théoriques sans fondement scientifique, en l'état actuel des connaissances », selon le rapport que l’Agence France-Presse a pu consulter. Les médecins vont même jusqu'à accuser leurs confrères d'avoir rendu des « conclusions biaisées sur le plan intellectuel, voire de l'éthique médicale ». Ils s'accordent néanmoins avec trois des quatre expertises précédentes pour attribuer le décès d'Adama Traoré à « un syndrome asphyxique aigu » tout en excluant qu'il résulte de son état de santé antérieur. Ils invitent donc à « se poser la question de l'asphyxie positionnelle ou mécanique », ce qui tend vers une mise en cause de la technique d'interpellation des gendarmes. L’un des avocats des militaires conteste « la méthodologie » employée par ces professeurs de médecine.