Juste quelqu’un de bien

Juste quelqu’un de bien

Un joli moment passé avec Kent et sa guitare (photo J.-L. G.).

 

 Kent a conquis son auditoire lors d’une rencontre musicale, samedi 12 novembre, à la médiathèque de Persan.

 C’était tellement passionnant que le temps a vite défilé dans l’après-midi du samedi 12 novembre à la Médiathèque Boris Vian, à Persan. Absorbante cette rencontre musicale, poétique aussi, avec Kent, ses mots et sa guitare. Cinquante-neuf ans dont quarante de carrière depuis la fondation du groupe rock Starshooter, né dans l’explosion Punk est un artiste éclectique : chanteur, parolier (Johnny Halliday, Laurent Voulzy, Enzo Enzo, Calojero, Enrico Marcias, Nolwenn Leroy...), musicien, romancier, auteur de bandes dessinées. Face à une petite centaine de personnes qui le retrouvaient, ou le découvraient, Kent est revenu via des anecdotes, souvent racontées avec humour, sur son riche parcours. Morceaux choisis…

Les tout débuts.- « J’étais très mauvais en anglais alors j’ai écrit en français. Les autres du groupe m’ont dit : ‘’C’est toi le chanteur, alors c’est toi qui fais les textes. Les deux titres du premier 45 tours étaient « Pin-Up Blonde » et « Quelle Crise, Baby ». Je ne vous en dit pas plus tellement c’était con. Dans les textes qui ont suivi, j’avais un regard sarcastique, ironique, voire violent. »

Punk au lait fraise.- « Punk, c’est ''destroy'' et ''no future''. Je n’étais pas ''destroy''. Beaucoup pensaient que nous étions au Jack Daniel’s et à la coke. Pas du tout, moi c’était lait fraise et je faisais des footings à une époque (fin des années 1970) où ce n’était pas habituel de courir dans la rue. Le rythme de la course m’inspirait. Je m’étais dit : ‘’C’est marrant, il y a moyen de faire une chance sur le rythme du footing. Il faut que je finisse le footing car j’ai la chanson. Je vais dans un bar, je commence à écrire sur une serviette en papier. « Congas et Maracas… », se met-il à chanter.

 

Un déclic pour une chanson.- « Lors d’un voyage en Roumanie, je rencontre des enfants dans un village, ils entendaient parler français pour la première fois, je leur apprenais des mots, ils me disaient des phrases : ‘’Je suis un garçon’’ ; ‘’La maison est petite’’ ; ‘’La forêt est belle’’. O.K. Un autre me dit : « Je suis un kilomètre ». Ah non, pas correct ! Et aussitôt, c’est comme s’il m’avait envoyé un fichier zippé – ça n’existait pas à l’époque -, il y avait tout… Le soir-même, j’ai écrit ce texte d’une traite, sans une rature, je ne sais pas si ça m’est arrivé deux fois dans ma vie. » Il commence à chanter : « Je suis un kilomètre et je suis un quartier (de Paris) ». Puis il devient dix kilomètres et quitte la ville pour la banlieue, cents kilomètres et c’est la province. « Mille kilomètres et je suis un étranger ».

 

« Juste quelqu’un de bien ».- « Quelqu’un de bien, c’était la chanson de l’année (2002), on ne l’attendait pas. Quand on m’a dit que ça ferait un single, donc avec passages à la radio, je me suis dit, c’est super, ça va faire du blé », rigole-t-il. super un single, ça passe à la radio, ça fait du blé.

« C’est ma Madeleine, je ne savais pas que c’était vous qui l’aviez écrite », intervient, émue, une femme dans l’auditoire. « Je ne me dis pas ça, répond Kent. Je suis éternellement reconnaissant à Enzo Enzo. Je me dis que ce n’est plus à moi, qu’elle ne m’appartient tellement plus que j’ai l’impression de chanter la chanson d’un autre. Juste quelqu’un de bien : j’espère bien la chanter ! » Le public est définitivement conquis…