Elle joue avec le feu

Elle joue avec le feu

 

La Camblysienne Estelle Da Costa a vécu en Bulgarie pour découvrir un théâtre cousin des arts du cirque : le jonglage de feu.

Les corps se meuvent entre des boules de feu qui transpercent l’obscurité, secouent les âmes et aspirent le public vers cet univers fantastique. Une atmosphère incandescente, une expérience inoubliable dans un pays, la Bulgarie, encore trop méconnu chez nous malgré son appartenance à la communauté européenne. C’était, jusqu’à l’été dernier, le monde d’Estelle Da Costa, une Camblysienne de 27 ans, dont la voie du théâtre donne un sens à son existence. Le collège à Chambly, le lycée à Méru, une « prépa » à Amiens, l’Ecole de commerce à Montpellier, un séjour à Lisbonne dans le cadre d’un échange universitaire… Une évolution linéaire, puis le temps des questions et des premiers zigzags. Que faire de sa vie ? « Tout cela ne me menait à rien, dit-elle. Je voulais faire des choses pour moi. Sans l’oser, je gardais en tête le théâtre. » En 2011, elle entre à l’Atelier international de théâtre Blanche Salant & Paul Weaver, à Paris. Trois ans à étudier et pratiquer le drame, la comédie, l’improvisation, des techniques inventives, l’expression corporelle à travers le jeu... « En sortant de l’école, à la fin de l’été 2014, j’ai couru après les casting. Puis j’ai tenté le Service volontaire européen, Erasmus plus. » Sa candidature est retenue par une compagnie théâtrale de Sofia, la capitale bulgare, dont le travail est basé, explique-t-elle, « sur le mime, le jeu du corps, le jonglage de feu. » Cela tombe bien, elle a elle-même un tempérament brûlant. Cet exercice emprunté aux arts du cirque la fascine. Dans un spectacle consacré à l’histoire de Sofia, elle porte un masque de troll, énorme, et apprivoise les flammes. « Je saute sans cesse, il y a la pression du public, nombreux ce soir-là, j’ai l’impression que mon pantalon est en feu ! C'était seulement une impression, heureusement. »

 

L’histoire se termine mal. La discipline de fer de la compagnie (« on dormait parfois seulement trois heures par nuit ») imposée par une direction stakhanoviste décourage les sept volontaires étrangers, Estelle, sa coloc irlandaise, une Espagnole, une Portugaise… Elles sortent de la troupe prématurément, au bout de huit mois. Quitter Sofia ? Mais pour aller où ? « En arrivant en Bulgarie, j’ai eu un choc, je ne pensais pas qu’il existait autant de différences avec l’Europe de l’Ouest, à commencer par l’architecture, témoigne-t-elle. Mais après quelques mois, je suis tombé amoureuse de Sofia, j’ai appris énormément de choses dans cette troupe, j’ai rencontré des gens magnifiques. C’est une capitale et à la fois une petite ville où l’on croise souvent les mêmes personnes. J’avais créé un lien social que je n’étais pas prête à casser », raconte la jeune femme.

 

Apprivoiser le feu pour jouer avec lui…

 

Afin de pouvoir subvenir à ses besoins, elle s'engage dans le télétravail à mi-temps en direction des pays francophones et anglophones. « Je resterai là-bas jusqu’à ce que je me dise que je n’ai plus rien à y faire », glissait-elle. C’est arrivé l'été dernier. Estelle a repris son sac à dos : la Grèce, la Hongrie, la Roumanie, la Serbie avec deux copines, durant trois mois. La petite troupe baptisée « The Electric Runners » (les coureurs électriques) a donné « des petits spectacles du feu ». Puis elle est rentrée à Chambly. Pas pour longtemps. A l’automne, l’attendait une nouvelle expérience tout aussi passionnante que la précédente en Bulgarie : l’Égypte. 

Prochain article : les carnets de voyage d’Estelle en Égypte.