« C’était tellement intense que j’avais l’impression que c’était ma vie »

« C’était tellement intense que j’avais l’impression que c’était ma vie »

Dernier volet des pérégrinations de la jongleuse Estelle Da Costa au sein d’une troupe internationale en Égypte.

Nous avons quitté Estelle sur les routes des Balkans (voir l’article « Elle joue avec le feu », publié le 2 janvier) où, durant trois mois, avec deux copines, elle a donné une somme de petits spectacles. Le trio s’est produit sous la bannière des « Electric Runners » (les coureurs électriques). Il faut dire que la Camblysienne n’est jamais branchée sur courant alternatif, elle est toujours en mouvement !

Fin septembre 2016, elle s’envole pour l’Égypte et de nouvelles aventures. La Bulgarie, où elle a vécu pendant un an et demain, semble déjà loin, même s’il elle y a conservé des amis.

« J’étais en résidence artistique à Port Saïd autour des arts du cirque », raconte-t-elle à propos de son expérience égyptienne. Vingt jeunes artistes forment une troupe éphémère pendant un mois : dix égyptiens, cinq français et cinq allemands puisque le projet, baptisé Circ'Us, est porté à la fois par l’Institut français d’Égypte et la Fondation Goethe. Dans la grande ville portuaire du nord-est du pays, au débouché du canal de Suez dans la Méditerranée, ce groupe hétérogène monte un spectacle en dix jours, chacun avec sa spécialité. « Des jongleurs, des danseurs, des acrobates, des contorsionnistes, énumère-t-elle. J’ai amené le feu et le jonglage sans feu. »

 

Estelle s’est produite devant un public nombreux et passionné (photo Mostafa Abdel Aty).

 

Pour elle, c’est une révélation, un bonheur quasi-quotidien, surtout le regard émerveillé des enfants et tous ces gens qui ont le cœur si large qu’on peut y entrer sans frapper…

« Je ne m’attendais pas à cet accueil de super star dans les petits patelins, se remémore-t-elle, encore émue. Quand on voit l’accueil de ces enfants en folie, on a envie de se donner deux fois plus. C’était un cirque social pour des gens qui n’ont jamais eu accès à ça, on faisait participer les enfants à des ateliers. Beaucoup nous remerciaient. » De Port Saïd au Caire, en passant par Alexandrie, elle relève que « cette tournée était fatigante mais tellement gratifiante ! »

L’Égypte a connu une révolution en 2011 (900 morts, 9 000 blessés, 8 000 condamnations). Les militaires sont omniprésents. « On a eu des problèmes avec eux, confie-t-elle. Un jour, ils n’ont pas voulu nous laisser jouer sur le terrain de foot d’une école. ‘’Trop dangereux’’, disaient-ils. On a trouvé un autre endroit. Ils ont répété : ‘’Trop dangereux’’. Alors on a quitté ce village avec nos costumes sur notre bus pour laisser un souvenir aux habitants ».

 

La presse égyptienne a suivi la tournée. Sur la droite du journal, on aperçoit la jongleuse de Chambly.

 

Quand elle se retourne sur cette expérience, Estelle avoue : « C’était tellement intense que j’avais l’impression que c’était ma vie, et pourtant je savais que ça se finirait un jour ». Et quand ce jour arrive, elle rentre en France avec l’envie, pour l’ancienne élève de l’Atelier international de théâtre Blanche Salant & Paul Weaver, de « reprendre le théâtre et la danse ».

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