Un grand hommage pour un grand homme : Walter Luzi

Un grand hommage pour un grand homme : Walter Luzi

 

Les obsèques de Walter Luzi, fondateur du Football club de Chambly, ont été célébrées en l’église Notre-Dame, ce lundi 5 mars, en présence d’une foule immense.

 

Deux maillots du Football club de Chambly pendaient sur la façade d’un immeuble d’habitations près de l’église. Un peu plus loin, le drapeau de la mairie avait été mis en berne en signe de deuil. Dans la foule, l’immense foule – combien étaient-ils venus lui rendre un ultime hommage ? –, les joueurs étaient en survêtement, c’est-à-dire en tenue de travail, or Walter Luzi, décédé à 77 ans, ne dissociait pas ce mot de la pratique du football. Des supporters avaient enfilé le maillot du club, les écharpes noir et bleu enlaçaient les cous. Au pied de l’église, des couronnes et gerbes de fleurs par dizaines, certaines de clubs de l’Oise comme Senlis, Pont-Sainte-Maxence, Le Mesnil-en-Thelle... Hommage local, départemental, régional, national aussi lorsque dans la soirée du samedi 3 mars, avant le match de Ligue 1 entre Amiens et Rennes, les 10 000 spectateurs du stade de Licorne avaient respecté une minute de silence avant d’applaudir le fondateur du FC Chambly, disparu le mercredi 28 février, au moment où sa chère équipe se qualifiait pour les demi-finales de la Coupe de France, en battant Strasbourg (1-0).

 

Au commencement du recueillement avant l’entrée dans l’église pour un dernier hommage au père du FC Chambly (photo J.-L. G.).

 

Il aimait le foot intensément, mais pas seulement… C’est vous dire quelle richesse l’habitait ! L’antiquité le fascinait. Balzac était son auteur préféré. Walter Luzi campait un témoin attentif de la Comédie humaine. Un homme qui aime les gens et l’ironie est un homme ouvert à toutes les rencontres, à tous les échanges. « Pépé », que vous le connaissiez très bien ou un peu seulement, ne vous laissait pas insensible. Par sa bienveillance, son sens du partage, son humour, ses blagues savoureuses. Il a sans doute bien rigolé à l’histoire racontée par le curé officiant dans l’église Notre-Dame de Chambly devenue trop petite pour le départ d’un homme qui avait le cœur si large que l’on pouvait y entrer sans frapper. Vraie ou pas, c’est celle d’un prêtre-footballeur qui donnait des coups aux joueurs adverses. L’un d’entre eux lui demande : « Mon père, pourquoi faites-vous ça, vous un homme d’église ? » Il lui répond en prenant quelques libertés avec la religion : « Mon fils, il faut donner sans penser à recevoir ». Walter Luzi donnait beaucoup de sa personne avec sa gentillesse et son esprit facétieux. Il préparait les pâtes « al dente » les jours de match au stade des Marais. Gaharo Doucouré l’a rappelé. Il n’a surtout « pas dit adieu car on se reverra. » Il culmine à presque 2 mètres comme son cadet Lassana, pourtant Walter les appelait les « petits Doucouré ». Sur l’autel, le capitaine de l’équipe était entouré de John Popelard et d’Eduardo Rodrigo. Pas un hasard, ce sont les trois joueurs les plus anciens de l’équipe A. Bruno Luzi lut un passage de l’évangile. L’aîné, Fulvio, évoqua la vie, dense, de son père depuis son enfance à Fossombrone, dans les Marches, l’une des plus belles régions d’Italie, qu'il quitta à 18 ans pour s'installer en France. Stefano, le petit-fils, parla de son « Nonno » (grand-père en italien) d’une voix lumineuse. L’ancien député-maire, Michel Françaix, ne put retenir ses larmes. Son successeur à la mairie, David Lazarus, rendit au disparu l’hommage de la Ville de Chambly. Le prêtre adressa une prière en italien à la Madone. Fulvio répandit les mots de la langue paternelle dans l’assistance qui applaudit lorsque le cercueil quitta l’église pour le cimetière de Chambly où repose à la fois Walter, papa, nonno et pépé. Little big man, en somme.

 

Son sourire s’affichait dans la vitrine des commerçants du centre-ville, ici au café-brasserie de La Civette, sur le parvis de l’église (photo J.-L. G.).