Sous une chaleur écrasante, 2 700 personnes (selon la gendarmerie) ont marché dans les rues de Beaumont, depuis la gare de Persan, ce samedi 18 juillet, quatre ans après la mort d’Adama Traoré. Cliquer sur la photo pour regarder la vidéo.
C’est une performance. Pendant trois-quarts d’heure, sans jamais faiblir, un homme a brandi ce panneau « Vérité et justice pour toutes les victimes » sur le parvis de la mairie de Persan. Comme la foule des sympathisants et les représentants des médias, il attendait Assa Traoré, la figure du mouvement, qui s’est présentée en retard pour faire sa déclaration inaugurale de la marche. « Je ne vous cache pas qu'en 2016, je n'avais jamais envisagé qu'on soit encore là, quatre ans plus tard, à Persan, pour demander la justice pour la mort de mon petit frère. Cela fait quatre ans qu'on se bat, que la justice ne nous écoute pas. Aujourd'hui, on n'a plus confiance en la justice », assène Assa Traoré.
Cette dernière demandait la mise en examen des gendarmes qui ont interpellé son jeune frère Adama, le 19 juillet 2016, avant son décès à la Brigade de gendarmerie de Persan, un procès public et, pour commencer, la récusation du juge qui instruit le dossier. Et, dans le troisième cas, elle brandit la menace d’un « rassemblement immense » devant le Tribunal de Paris en septembre. Puis le cortège s’ébranlait, doucement, devant la gare de Persan avant la halte symbolique devant la caserne de gendarmerie. Après le pont de l’Oise, il entrait dans Beaumont, se rendu en centre-ville par la montée de la rue Nationale.
Les organisateurs distribuaient des petites bouteilles d’eau. Combien était-il à marcher sous la forte chaleur ? Environ 2 700 selon les gendarmes. On attendait plus de manifestants car les récentes interpellations aux conséquences dramatiques (mort de George Floyd aux États-Unis, de Cédric Chouviat devant la Tour Eiffel…) ont renforcé les convictions de la famille Traoré. Sans doute auraient-ils été plus nombreux si des travaux sur la ligne Paris-Nord – Persan-Beaumont n’avaient pas contraint les participants à emprunter, en partie, l’autobus. Pour la première fois, le collectif s’était associé à une organisation du mouvement pour le climat, Alternatiba, sur le thème « Laissez-nous respirer ». Un festival était organisé sur l’aire de jeux, face au LID, jusque dans la soirée.