Le cimetière de Beaumont au centre d’une nouvelle polémique

Le cimetière de Beaumont au centre d’une nouvelle polémique

 

Une nouvelle polémique sur la gestion du cimetière de Beaumont oppose l’ancien maire Fabrice Millereau à la maire actuelle Nathalie Groux.

Le cimetière est un sujet qui tient à cœur Fabrice Millereau, en tant qu’ancien maire, en tant que féru d'histoire locale, en tant que beaumontois de naissance tout simplement. Ces deux dernières années, il a dénoncé les herbes folles, l’abattage des arbres devant l’un des murs et surtout la reprise, qu’il juge excessive, des concessions parvenues à terme. Ultime sujet d’affrontement : la tombe de l’un de leurs très ancien prédécesseur à la tête de la ville (1832 à 1837), un homme remarquable, Dubun de Peyrelongue. Nous publions in-extenso les courriels envoyés par les deux protagonistes qui ne parviennent même pas à s'accorder sur le prénom : Jean-Baptiste ou Adam ? 

Les critiques de Fabrice Millereau

« Depuis votre arrivée à la tête de notre ville, vous vous attachez, sans aucun discernement, à récupérer des concessions de notre cimetière, détruisant ainsi ce qui fait partie, pour certaines, du patrimoine communal. Le cimetière est un lieu de méditation et de deuil, mais également un lieu de mémoire, propice au recueillement. Votre acharnement est en train d'en faire un lieu sans âme…

« Vous avez dans l'intention de récupérer la concession d'un ancien maire de notre commune, de 1832 à 1837, Jean-Baptiste Dubun de Peyrelongue (1785-1861). Ce médecin s'illustra durant les guerres d'Empire (1808-1815) puis par son dévouement lors des épidémies que notre région eut à subir durant la première partie du XIXe siècle.

« Peut-être est-il utile de vous rappeler qu'il commanda, en 1813, lors de la retraite d'Espagne un convoi de 3000 blessés, qu'il ramena en France à travers les embûches d'un pays en guerre. Par la suite, membre de l'Académie royale de médecine, il publia plusieurs ouvrages sur les épidémies, entre autre celle du choléra de 1832, qu'il combattit dans notre région. Il était connu pour sa générosité en soignant gratuitement les malades indigents de Beaumont et de l'arrondissement de Pontoise. Il fut fait Chevalier de la Légion d'Honneur en 1834.

« Il serait désolant que les restes de cet illustre personnage de notre ville, finissent dans un ossuaire (mais où est-il ? ), son caveau détruit et jeté on ne sait où et qu'il disparaisse ainsi de la mémoire locale. »

La riposte de Nathalie Groux

« S'agissant de la concession au nom de M. Adam Dubun de Peyrelongue, M. Millereau avait décidé par délibération du 15 décembre 2000 de reprendre cette concession abandonnée ainsi que 67 autres. Il confirmait par arrêté municipal en date du 23 janvier 2001 sa volonté. Cet arrêté précisait que les restes mortels seraient exhumés et inhumés dans un ossuaire.
Je porte un profond attachement et respect aux défunts inhumés dans le cimetière communal. Aussi, j'ai entrepris, entre autres, de respecter l'obligation légale et morale qui est faite à toute collectivité, d'entretien du cimetière qui induit également la nécessaire reprise des concessions abandonnées. Il m'a fallu remédier à l'état déplorable du cimetière laissé en héritage constatant que cette obligation n'avait pas été respectée par mon prédécesseur. J'ai donc repris, les procédures engagées par M. Millereau qu'il n'avait jamais menées à terme.

« Pour reprendre l'exemple cité dans le courrier, concernant la tombe de M. Adam Dubun de Peyrelongue, ancien maire de la commune, la volonté de l'actuelle municipalité est de l'intégrer dans le patrimoine communal, et non pas d'inhumer les restes mortels dans un ossuaire comme le souhaitait M. Millereau, après achèvement de la procédure de reprise afin de pouvoir la préserver et l'entretenir. Ce qui n'est pas possible en l'état actuel puisqu'il s'agit d'une propriété privée.
« Je regrette les courriers que je ne compte plus émanant de M. Millereau s'agissant du cimetière qui s'apparentent à du harcèlement plutôt qu'à la manifestation d'un réel intérêt pour ce lieu de mémoire. Car si tel avait été réellement le cas, que ne l'a-t-il pas fait durant ses 25 ans de mandat ?

L’insistance de Fabrice Millereau

« Suite à mon courrier du 17 juin courant, concernant la sauvegarde du caveau du docteur Jean-Baptiste Dubun de Peyrelongue, (et non Adam comme madame Groux le mentionne, courrier où elle développe quelques arguments fallacieux), je me permets de vous adresser les mises au point suivantes, pour certaines reprises d'un courrier que je lui avais adressé en 2018.

« S'il est vraisemblablement exact que j'ai demandé la récupération de certaines sépultures perpétuelles en l'an 2000, je vous avouerai que 20 ans après ma mémoire me fait défaut (et fallait-il mobiliser du temps de travail d'un membre du personnel communal pour une telle recherche ?), il est incontestable que je ne les ai, dans leur grande majorité, jamais récupérées, car je n'ai pas la même conception de la gestion du cimetière que madame le maire. Au-delà de la gestion comptable et légale, je considère que l'on doit traiter ce lieu patrimonial, chargé de l'histoire de notre ville, avec respect, et si j'ose dire avec humanité, tant il porte de douleurs et de souvenirs pour nos concitoyens. Ce cimetière a une âme, celle de notre ville, celle de Beaumont !

« Aussi, plusieurs fois l'an, je parcourais ces allées, avec la personne chargée à l'état-civil de sa gestion, pour lui indiquer, à dose homéopathique, je le revendique, les sépultures à récupérer, ne choisissant que les plus dégradées et en prenant soin qu'elles ne renferment pas les restes d'une personnalité locale. Dès mon arrivée à la tête de la municipalité, j'ai fait mettre sur la sépulture des anciens maires une petite plaque mentionnant leurs dates à la tête de notre ville. Je reconnais bien volontiers qu'il aurait fallu faire la même démarche avec la centaine de personnalités que contient (ou contenait) notre cimetière tel que Duquesnel, Paquet, Meyer, les curés, voire d'anciens combattants ou des donateurs. Par ailleurs, j'ai fait entièrement réhabiliter la chapelle de la famille de Lesseps, qui menaçait de tomber en ruine.

« Mais jamais dans nos quelques échanges par courrier, madame Groux n'a fait état de sa volonté de rénover les sépultures des anciens premiers magistrats de Beaumont, ni de personnes d'autres d'ailleurs, ce qui aurait peut-être mis un terme à ce contentieux entre nous. Il serait souhaitable que madame Groux revendique publiquement cette intention nouvelle, afin qu'elle soit actée une fois pour toute.

« Enfin, contrairement aux dires maintes fois répétés, de madame Groux, j'ai laissé le cimetière, grâce au remarquable travail de M. Dekerle, gardien de ces lieux, dans un excellent état d'entretien, ce qui n'est vraiment plus le cas actuellement… »

Articles précédents sur le cimetière :

https://les3villessoeurs.com/beaumont-sur-oise/politique/3109-cimetiere-de-beaumont-la-polemique-enfle

https://les3villessoeurs.com/beaumont-sur-oise/societe/3102-des-ossements-visibles-sur-les-tombes-au-cimetiere-de-beaumont

https://les3villessoeurs.com/persan/societe/56-beaumont-sur-oise/environnement/1967-pendant-l-ete-les-herbes-folles-ont-envahi-le-cimetiere-de-beaumont