Deux frères Traoré en détention, nouvelles violences à Beaumont

Deux frères Traoré en détention, nouvelles violences à Beaumont

Scènes de désolation cette nuit à l’entrée du quartier de Boyenval (photo Rassembler pour agir).

 

Dans la soirée du mercredi 23 novembre, un bus et des voitures on été incendiés dans le quartier de Boyenval. Un peu plus tôt, deux membres de la famille Traoré avaient été placés en détention.

Une extrême tension règne toujours à Beaumont. A partir de 22 h 30, le mercredi 23 novembre, une demi-douzaine de voitures et un bus ont été incendiés à l'entrée du quartier de Boyenval. Le chauffeur du bus, qui assurait le dernier trajet de la journée, a été molesté par des individus. Des habitants ont tenté d'éteindre les feux en versant des sauts d'eau. Vers minuit, soit une heure et demi après le début des sinsistres, la gendarmerie et les pompiers arrivaient sur les lieux. Les phares de leurs véhicules étaient éteints, comme ceux d'un hélicoptère qui a tourné pendant une heure au-dessus du quartier. Ces actes de violence constituaient des représailles après l'incarcération quelques heures plus tôt de deux frères d’Adama Traoré (le jeune homme décédé le 19 juillet dernier, lors de son interpellation par les forces de l’ordre) pour des faits de violence survenus le 17 novembre, après l’annulation du conseil municipal. Bagui et Isoufou Traoré, 25 et 22 ans, ont été présentés en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Pontoise, aujourd'hui. A la demande de leur avocat, le jugement a été renvoyé au 14 décembre. Ils ont été placés en détention. Six policiers municipaux et deux gendarmes avaient porté plainte contre eux pour menaces de mort et outrages.

Mercredi 23 novembre, vers 23 heures, des voitures s’embrasent (photo J. L.).

 

Il est également reproché à Bagui Traoré d’avoir donné un coup de poing au visage d’une policière municipale. Il devra purger une peine de six mois de prison pour des faits similaires remontant à 2013 (à l’époque, il avait bénéficié du sursis). « Les faits qui leur sont reprochés s’inscrivent dans une dynamique de violences urbaines à la suite de la mort dramatique de leur frère, a souligné le procureur de la République, Erick Maurel. On peut entendre leur souffrance et leur colère, mais on ne peut pas accepter qu’ils viennent porter atteinte à la cohésion sociale et au pacte républicain de Beaumont-sur-Oise. Le risque de renouvellement des faits est trop important. »

 

 

Six mois de prison avec sursis

pour un troisième homme

Ces incarcérations s’ajoutent à une condamnation d'un individu, la veille, à six mois de prison avec sursis pour violence sur personne dépositaire de l’autorité publique. D’après « La Gazette du Val-d’Oise » et « L’Écho-Le Régional », cet homme a également été sanctionné d'une interdiction de se rendre sur le territoire de la commune de Beaumont durant trois ans. Dans la soirée du mardi 22 novembre où devait se réunir le Conseil municipal, une centaine de gendarmes avaient été déployés devant l’Hôtel de Ville. Malgré l’importance des forces de sécurité, la Municipalité a préféré ajourner à nouveau le conseil. « Nous privilégions le maintien du calme et de l’ordre public. Nous ne souhaitons pas mettre en danger les Beaumontois et les personnels municipaux en raison des évènements extrêmement graves survenus lors du conseil municipal du 17 novembre 2016 et suite aux menaces avérées circulant actuellement sur les réseaux sociaux », soulignait-elle dans un communiqué publié dans l’après-midi de mardi. « Sage décision », a confié au « Parisien », l’élu d’opposition, Jean-Michel Aparicio, qui demande au maire (UDI), Nathalie Groux, de renoncer à solliciter auprès du Conseil municipal d’une protection fonctionnelle, action par laquelle sa plainte pour « propos diffamatoires » à l’encontre d’Assa Traoré, la sœur d’Adama Traoré, serait financée par la collectivité.

 

La sœur d’Adama Traoré et des proches dans la soirée du mardi 22 novembre devant l’Hôtel de Ville de Beaumont.