Les lettres pieuses du sergent Guédon

Les lettres pieuses du sergent Guédon

L’acte de décès du poilu beaumontois, « tué à l’ennemi » le 29 septembre 1914, moins de deux mois après le commencement de la Première guerre mondiale (document Mémoire des hommes).

 

Plusieurs écrits de Jacques Guédon, tué au début de la Grande Guerre, sont exposés à la Maison du patrimoine, à Beaumont, dans le cadre de l’exposition « Les héros des familles beaumontoises, 1914-1918 ».

 

Jacques Guédon était un pieu soldat. Les lettres envoyées à ses parents comptent parmi les documents de l’exposition « Les héros des familles beaumontoises, 1914-1918 », proposée par Marlène Herlem, membre du Cercle beaumontois du patrimoine. Dans l’une d’entre elles datant du 3 août 1914, deux jours après sa mobilisation, il écrit : « Je prie avec ferveur en union avec vous. Mes parents bien-aimés, je m‘abandonne entièrement à la volonté du bon Dieu et la protection de la sainte Vierge, que vous m’avez appris à si bien aimer. Que je comprends plus que jamais dans sa beauté réelle la communion avec les Saints ; … ; comme je me réfugie dans ces saintes protections. Réunissez-vous pour me bénir, mes chers parents, priez pour que je sois bien brave, pour que du haut du ciel, le grand-père Guédon ne renie pas son sang. Que Dieu protège la France et qu’il donne à tous ses soldats le courage, l’abnégation et enfin la Victoire ».

 

« Aidé par la prière, je me

sens courageux et confiant »

 

Le 15 août, il conclut sa missive par : « Aidé par la prière, je me sens courageux et confiant ». En seulement une dizaine de jours seulement, alors qu’il part vers le front avec le 169e Régiment d’infanterie, le sergent Guédon a pris déjà la mesure de la guerre. « Par moments, il me semble rêver, j’ai l’impression que c’est un mauvais rêve, que je ne vais pas me réveiller, et puis non… Ces maisons qui m’entourent sont réelles, l’homme qui passe n’est pas un fantôme ; c’est bien le porche de l’église que je vois là-bas au haut de la rue ; c’est bien mon pas ferré qui fait grincer le pavé… »

La Meuse, les Ardennes, la Marne. Puis la bataille fatale dans la Somme où Jacques Guédon tombe le 29 septembre 1914, à l’âge de 33 ans, dans la petite commune de Champien, près de Montdidier. « Genre de mort : tué à l’ennemi », est-il inscrit sur son acte de décès signé par les autorités militaires. Dans l’oraison funèbre, ses parents confient leur fils à Dieu : « Son dernier devoir accompli dans le suprême sacrifice lui a ouvert le Ciel », tentent-ils de se consoler.

. Maison du patrimoine, 2, rue Basse-de-la-Vallée. Jusqu’au 29 avril, le mercredi (15 heures à 17 heures) et le samedi (11 heures à 17 heures).

 

Marlène Herlem, chargée des expositions historiques au Cercle beaumontoise du patrimoine, lors de la préparation de l’exposition qui a démarré mi-novembre (photo J.-L. G.).