« Cette médaille, elle est pour mon frère »

« Cette médaille, elle est pour mon frère »

Daniel Guerville devant le monument aux morts où est gravé le nom de son frère René Guerville (photo J.-L. G.).

 

A presque 80 ans, Daniel Guerville a dédié sa médaille militaire à son frère René, tué à la fin de la Seconde guerre mondiale.

 

En ce vendredi 11 novembre, à Beaumont-sur-Oise, lorsque Guy Rumigny, président de l’Union des sections d’anciens combattants, a accroché sur sa veste la médaille récompensant son engagement en Afrique du Nord au début des années 60, Daniel Guerville s’est rapidement tourné vers le monument aux morts en esquissant un geste de la main. « Cette médaille, je la dédie à mon frère », a-t-il dit. René était son aîné de douze ans. Il est mort le 3 février 1945, à Ensisheim, trois jours avant la libération de cette petite commune alsacienne par son régiment, le 21e régiment d’infanterie colonial. « En novembre 1944, Colmar avait été libéré mais il subsistait une poche de résistance à Colmar, raconte Daniel Guerville. Ironie du sort, c’était les derniers feux. L’attaque a commencé le 3 février à 19 h 40, la cité ouvrière Sainte-Thérèse a été prise par son régiment mais mon frère s’est retrouvé devant deux automitrailleuses allemandes. Peu après, ces blindés ont sauté sur leurs propres mines ».

 

René avait 20 ans…

 

Beaumontois de naissance, Daniel Guerville aura 80 ans le 19 novembre prochain. Il a passé neuf mois à Agadir, au Maroc, dans la 11e section d’infirmiers militaires. « Je n’ai pas combattu, je ne sais pas si je mérite cette médaille. Elle est pour mon frère », répète-t-il. Puis il quitte, très ému, la place Guy Môquet où s’est tenue la cérémonie de commémoration de l’Armistice du 11 novembre 1918. Après seulement quelques mètres, en face, il désigne une maison d’habitation de la rue Alphonse et Louis Roussel. « A cet endroit se trouvait la ferme de M. Capron où mon frère travaillait pendant la guerre. Il n’avait pas supporté que les Allemands s’emparent des chevaux dont il s’occupait. C’est pour cette raison qu’il s’était engagé en 1944. » Il avait 20 ans.

 

 

« Cette médaille, je la dédie à mon frère », glisse Daniel Guerville à Guy Rumigny, président de l’Union des sections d’anciens combattants (photo J.-L. G.).