Le point sur le projet de prison à Bernes

Le point sur le projet de prison à Bernes

 

Plus d’un an après l’annonce de la construction d’une maison d’arrêt à Bernes, en 2027, de nombreuses interrogations demeurent. Le maire de la commune, Olivier Anty, fait le point.

Le 7 mai 2021, Jean Castex, alors Premier ministre, annonçait la construction d’une prison à Bernes pour 2027. Ce projet, qui remplaçait celui, avorté, de Belloy, est destiné à délester la maison d’arrêt d’Osny dont la capacité carcérale frôle les 130 %.

Un collectif « Bernes sans prison » était créé et, le 26 juin, une manifestation se déroulait dans les rues de la commune. À l’époque, le maire Olivier Anty déplorait « l’absence de concertation préalable entre les décideurs et les élus communaux et intercommunaux sur ce projet construit de façon unilatérale et en avançant masqué jusqu’au bout. »

Un an plus tard, « L’État bulldozer » semble avoir ralenti la cadence. « On est actuellement à l’étude de faisabilité, des études sur la faune et la flore, rapporte le maire. On n’a pas eu encore de retour. Peut-être y a-t-il des points bloquants, espère Olivier Anty. Il y encore des incertitudes, c’est ce qui ressort de nos différents échanges en préfecture et au ministère de l’Intérieur, mais cela fait partie de ces projets évolutifs. »

Ainsi le nombre de 750 places pourrait être remis en cause. « Aujourd’hui, on parle plus d’un centre pénitentiaire de 600 places. La superficie de l’établissement, elle, ne change pas : 14 hectares, entièrement sur le territoire de la commune, sur les 35 hectares environ que compte l’AFPA (Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes). Avec cette réflexion : le centre AFPA ne pourrait-il pas être un lieu de réinsertion professionnelle pour les détenus ? Cela a été évoqué, pas acté. »

Pas de langue de bois chez l’édile : « Nous avons été éclairés par nos représentants parlementaires (député, conseillers départementaux). L’État étant propriétaire du terrain, c’est lui qui signe le permis de construire, et il n’y a pas de recours juridique possible. Ce qui nous inquiète, c’est l’accroissement de la circulation automobile, poursuit-il. Quant aux activités de notre terrain d’aviation, l’État s’est engagé formellement à les poursuivre. »

La commune de Bernes peut-elle toutefois tirer quelques bénéfices de cette implantation ? « Nous n’avons pas encore trouvé les bons atouts de ce projet pour la commune. J’imagine une activité économique plus importante, mais je n’en suis pas certain non plus. On a déposé le permis pour un complexe commercial, des boutiques, des petits bureaux, mais à quelques minutes seulement de Bernes il y a la zone commerciale de Chambly et bientôt celle de Persan. Ce qui apparaît en premier, ce sont des contraintes, comme l’augmentation de notre population. »

L’équipe municipale, élue en 2020, a pris l’engagement, devant ses administrés, de ne pas dépasser le nombre de 3 100 habitants. Bernes en compte actuellement environ 2 800. « Les détenus sont comptabilisés dans la population, précise le maire. Et quand on sait qu’il y a toujours une surpopulation carcérale… » Il y aura autant d’agents de l’administration pénitentiaire que de prisonniers. Combien d’entre eux s’installeront dans la commune ? « Si l’on construit, on aimerait que ce soit reconnu comme des logements sociaux». Il ajoute, qu'aujourd'hui, « la Ville gère une petite structure scolaire ».

Beaucoup de questions restent sans réponses. Certaines d’entre elles devraient être levées, après la rentrée, lorsque les élus bernois, mais aussi de Morangles et de Mesnil (« On a voulu qu’ils soient présents car ils sont directement concernés », rappelle Olivier Anty) rencontreront les représentants de la Préfecture et de l’APIJ (Agence publique pour l’immobilier de la justice).

La construction est prévue sur le terrain de l'AFPA (photo J.-L. G.).