À Saint-Martin, la renaissance du Vivray

À Saint-Martin, la renaissance du Vivray

 

Le lieu-dit Le Vivray, à Saint-Martin, domaine du paysagiste Louis-Sulpice Varé (1803-1883), créateur du bois de Boulogne, est en cours en restauration. La Ville veut en faire un lieu de promenade pédagogique pour les écoliers. Il pourrait ouvrir au printemps 2021.

À Saint-Martin-du-Tertre, l’histoire est un livre ouvert dont on dépoussière soigneusement les pages pour faire revivre le passé en se projetant vers l’avenir. Un beau projet va devenir réalité avec la restauration et l’aménagement du Vivray, route de Viarmes, derrière le groupe scolaire, que la Ville, propriétaire depuis 2014, a la forte volonté de préserver et de valoriser. Ce site est connu pour avoir appartenu à une célébrité locale ayant traversé le 19e siècle : Louis-Sulpice Varé. Il est prioritairement destiné à l’accueil des écoliers puisque ce lieu verdoyant a un réel intérêt pédagogique : illustration des programmes scolaires, apprentissage des connaissances naturalistes, sensibilisation à l’environnement, au patrimoine et à l’histoire de la commune...

Depuis le Plan local d’urbanisme de 2015, le Vivray est référencé comme Zone naturelle de protection stricte, ce qui réjouit les criquets et les sauterelles, et permet aux lézards d’être peinards. Une cinquantaine d’espèces de plantes ont été inventoriées. Classés Espace naturel sensible (ENS), ses 5,5 hectares font l’objet d’un plan de gestion par le Département du Val-d’Oise depuis 2017. Et l’endroit sera valorisé par l’entrée de Saint-Martin au Parc naturel régional Oise-Pays de France (PNROPF), en septembre prochain.

Les vergers de la partie haute de cet Espace naturel sensible (photo J.-L. G.).

 

Pour la visite, il n’y a pas meilleur guide que le maire de la commune. Jacques Féron est passionné par sa ville, soucieux de préserver son patrimoine avec « l’envie de transmettre l’Histoire aux jeunes dans ces lieux qui ont été envahis par la nature, et d’en faire un endroit ludique pour les enfants ». Envahis par la nature… la formule est juste, les membres de l’association de chasse locale en savent quelque chose. Pendant plusieurs semaines, le doyen du groupe René Laennec, un alerte octogénaire, le président Bruno Barbou, son père Alain, Nicolas le petit-fils, et d’autres membres, ont bataillé contre un hectare de ronciers, en mettant du cœur à l’ouvrage. « On a également débité 30 stères de bois que l’on vendra aux particuliers, l’argent ira à la caisse des Écoles », explique Alain Barbou, bénévole exemplaire. « On a reçu un bon coup de main des chasseurs », insiste Jacques Féron qui sait qu’il peut toujours compter sur eux.

Le maire Jacques Féron inspecte la source maçonnée (photo J.-L. G.).

 

Et si le maire, lui-même, était apparenté à Louis-Sulpice Varé ? « C’est le nom de l’une de mes grands-mères », glisse Jacques Féron. Architecte-paysagiste, Louis-Sulpice Varé est né en 1803 à Saint-Martin où il a vécu jusqu’à son dernier souffle en 1883, après 80 années d’une existence très riche. Il s’exerce à Beaumont, réalise le domaine de Touteville à Asnières, le parc du château de Courcelles à Presles. En 1853, sa carrière est couronnée par une commande de Napoléon III. L’empereur lui confie la réalisation du bois de Boulogne. Une entreprise colossale qui demande une sérieuse préparation. Alors il utilise Le Vivray, un terrain hérité de son grand-père, comme laboratoire de la future œuvre. il créé une maquette, avec les essences d’arbres plantés à Paris, une rivière, un pont et un lac dont les contours serviront à dessiner ceux du prestigieux bois de la capitale. « Napoléon III est, paraît-il, venu découvrir et se rendre compte de la beauté du projet », écrit l’historien saint-martinois Daniel Baduel dans son livre « Saint-Martin-du-Tertre : un village, une histoire ». Mille deux cents ouvriers sont engagés, 300 chevaux réquisitionnés. Varé emploie aussi des gens du cru, tous de confiance, une demi-douzaine de jardiniers du château de Franconville à Saint-Martin. Mais le Préfet Haussmann, qui ne l’apprécie guère, lui retire la fin du chantier. Cependant la notoriété de Varé est faite, Napoléon III lui remet la Légion d’honneur, les propositions affluent.

Louis-Sulpice Varé (1803-1883), Saint-Martinois et créateur du bois de Boulogne.

 

Retour en 2020. À l’entrée du Vivray, dans la « petite » prairie se trouve un lavoir datant de 1816. Sa toiture menace de s’effondrer. Il y a urgence. La Ville devrait pouvoir compter sur une subvention du PNROPF à hauteur de 70 % du coût des travaux. Il y a 4 sources au total, dont une est maçonnée. Elles alimente un étang de 800 m² qui sera curé prochainement. Au-dessus, la « grande » prairie se présente en dévers, avec des plantations, jusqu’aux ruches de l’association Le Rucher du Vivray qui a récolté plus de 100 kilos de miel cette année. Trois cents poteaux ont déjà été plantés. Bientôt, 5 vaches, des génisses provenant de la ferme d’Arnouville deviendront saint-martinoises. Un circuit sera dessiné pour la visite des enfants, à l’attention des nouvelles générations qui auront plus tard la charge et le devoir de préserver Le Vivray : une véritable école buissonnière ! En attendant « on réveille l’histoire ! », s’enthousiasme le maire qui espère une ouverture au printemps 2021.

Trois des membres de la famille Barbou, toujours au service de son village, posent devant le hangar à l’entrée du site du Vivray. De gauche à droite : Nicolas, Bruno et Alain (photo J.-L. G.)