Deux heures et demi dans le Centre E. Leclerc de Chambly

Deux heures et demi dans le Centre E. Leclerc de Chambly

 

Il y avait foule de clients, craignant la pénurie, et embouteillage de caddies ce lundi 16 mars dans le Centre E. Leclerc de Chambly, le plus grand supermarché de notre région. Récit.

10 heures 30 ce lundi 16 mars, l’immense parking de la Zone d’activités économiques des Portes de l’Oise, à Chambly, est déjà bien rempli. La station-service est prise d’assaut. Mais pourquoi donc tous ces automobilistes s’approvisionnent-ils (y compris en remplissant des jerrican) alors que l’on demande aux gens de rester chez eux ? Ma première mission : trouver un chariot. À l’intérieur de la galerie commerçante, seuls l’espace culturel, la pharmacie et la parapharmacie sont ouverts. Parmi les centaines de clients craignant une pénurie alimentaire à cause de la pandémie, quelques-uns seulement portent un masque, plus souvent des gants. D’autres sont chaudement vêtus. Une femme sort un gel hydroalcoolique d’une poche de son manteau. « On utilise chacun notre tour le même chariot, on est proches les uns des autres, mais comment faire autrement ? Si les magasins étaient fermés ce serait l’émeute », lâche un client. Une employée désinfecte régulièrement les balances où vous pesez vous-mêmes les fruits et les légumes. L’un de ses collègues glisse : « En fréquentation, c’est le double d’un samedi ». Pas d’agacement chez les gens, de l’empressement.

Dès 10 h 30, le parking de la ZAC des Portes de l'OIse était très fréquenté (photo J.-L. G.).

 

Naturellement, toutes les caisses sont ouvertes, mais cela n’empêche pas la constitution de longues files d’attente, ce qui rend difficile l’accès aux rayons les plus proches de l’entrée du magasin. Entre deux caddies, j’aperçois enfin les cornichons à la russe – les plus gros –, un produit phare de ma longue liste. Pour moi, c’est comme une petite victoire ! Pas la matinée idéale pour dénicher une boîte de cure-dents, j’en ai déjà bavé pour trouver les cotons-tiges… Pas question non plus de séjourner éternellement dans les rayons de produits frais, sinon je vais l’attraper, c’est sûr… la crève.

Chariots bien remplis et emploi d'un masque contre le virus (photo J.-L. G.).

 

Un ado s’esclaffe : « C’est la fin du monde ! » Les employés restent serviables, disponibles malgré leur suractivité (une prime, patron !). Autour d’eux, un carrousel ininterrompu de chariots qui ne se touchent jamais. Les fruits et les légumes ne manquent pas. Les conserves ont logiquement les faveurs des consommateurs si la « guerre biologique » devait durer plusieurs semaines. « Le confit de canard avant le confinement » pourrait être un message publicitaire porteur. Les pâtes aussi ont presque entièrement disparu : solidarité avec nos amis italiens, sûrement…

Les rayons des conserves ont connu un vif succès (photo J.-L. G.).

 

L’heure tourne. Cela fait 2 heures que je suis confiné dans le supermarché. Et maintenant, une caisse ! Allez, encore une demi-heure de patience ! On se croirait à un péage sur l’autoroute du Sud, un 15 août. Une quinzaine de chariots (la plupart bondés, comme le mien) me précèdent. je m’en sors bien. Le ticket de caisse est long comme un programme de campagne électorale. La caissière me demande, imperturbable : « Vous avez la carte Leclerc ? »

De longues files d'attente jusqu'aux caisses (photo J.-L. G.).