Le Beaumontois Thierry Langlet et son fils Thibaud participent à partir du samedi 22 avril au Madeira island ultra-trail, une course de grand fond dans l’île de Madère.
Lorsque vous lirez cette interview, Thierry Langlet (52 ans) et son fils Thibaud (23 ans), encouragés par Blandine, l’épouse et la mère, seront certainement en train de courir sur l’île portugaise de Madère, dans l’Océan Atlantique (au niveau du Maroc). Et pour longtemps. Parmi les 858 inscrits, le premier s’élancera le samedi 22 avril à minuit (1 heure en France) pour 115 kilomètres, et le second partira à 7 heures du matin pour 85 kilomètres ! Soit presque trois marathons à la suite pour Thierry et deux pour Thibaud, sur des terrains escarpés, parfois très rudes, en autonomie. Plus qu'une course. Une aventure.
« Thierry, décrivez-nous cet ultra-trail de Madère…
C’est une traversée d’ouest en est, par la cordillère centrale de l’île, à partir de Porto Moniz et jusqu’à Machico : 115 kilomètres et 7 100 mètres de dénivelé positif. Thibaud commencera à Sao Vicente pour 85 kilomètres, avec 4 700 mètres de dénivelé positif. On espère se retrouver sur le parcours.
Quelle est votre expérience de l’ultra-trail ?
Je le pratique depuis une dizaine d’années. J’ai fait la Diagonale des fous, à la Réunion, qui est considérée comme la course la plus dure : 40 heures de course, deux nuits blanches. Et aussi l’Ultra-trail du Mont-Blanc, le Grand raid des Pyrénées. Sur de telles distances, tu pousses ton organisme tout en prenant du plaisir.
Du plaisir dans la souffrance !?
Oui. Ton corps rentre dans des zones que tu ne soupçonnais pas. Dans cette discipline, on gère son corps, on fait avec les éléments (la montagne, les conditions météorologiques…). Philosophiquement, c’est différent d’un athlète qui se bat contre le chrono. Depuis que j’ai accroché avec l’ultra-trail, je n’envisage pas de retourner sur la route.
Quelle est votre définition de l’ultra-trail ?
Je reprendrai une formule très juste d’un célèbre champion américain de l’ultra-trail qui compare : ‘’Dix kilomètres c’est une course, un marathon c’est une épreuve, un ultra-trail c’est une aventure.’’ »
En quoi consiste votre entraînement ?
De l’endurance bien sûr, du travail de dénivelé en forêt de Carnelle, beaucoup de répétitions de montées et de descentes de côtes. Il y a trois semaines, Thibaud et moi avons fait un stage de quatre jours dans le massif du Caroux, dans l’Hérault, chez Antoine Guillon, l’un des meilleurs coureurs d’ultra-fond du monde. On faisait des sorties quotidiennes de 30 à 35 kilomètres en ''mangeant'' du dénivelé – plus de 2 000 mètres positifs –, ascendant et descendant. Je croise l’entraînement de course à pied avec du vélo (pour acquérir de la puissance et limiter le risque d’une blessure musculaire et/ou tendineuse). On évite la route, on est dans la course nature.
Combien de kilomètres parcourez-vous chaque année ?
Environ 4 000 avec 150 000 mètres de dénivelé positif, plus 3 000 kilomètres à vélo. Cela fait une fourchette de 35 à 100 kilomètres à pied par semaine. Je relâche un peu pendant deux mois, en hiver, j’en profite pour faire soigner mes genoux (sourire).
Comment vivez-vous cette pratique commune avec votre fils d’une discipline aussi difficile ?
C’est un moment de partage assez incroyable. On s’entraîne ensemble, pendant les vacances à la montagne on court ensemble… Thibaud est un ancien escrimeur (son père est le président du Cercle d’escrime beaumontois), il voyait son père faire, il a pris goût. Il a eu beaucoup de soucis cet hiver à cause d’une périostite tibiale, il n’a presque pas couru pendant trois mois, alors il a fait du vélo. Au stage dans l’Hérault, il a été très performant.
Après Madère, quelle sera votre prochaine aventure ?
La Diagonale des fous est le grand objectif de l’année : 165 kilomètres pour moi, 115 pour Thibaud.
Site de la course : http://www.madeiraultratrail.com/fr/evenement/miut-course
