« Un pavillon à Boyenval, c’était l’Eldorado ! »

« Un pavillon à Boyenval, c’était l’Eldorado ! »

 

Nos quartiers ont une histoire, et elle était racontée avec beaucoup d’authenticité par les Beaumontois, samedi 12 novembre, salle Léo-Lagrange.  

L’originale et très vivante exposition sur le thème de « Nos quartiers ont une histoire » a suscité des émotions, convoqué le passé et répandu des sourires dans la salle Léo-Lagrange, samedi 12 novembre.

Point d’orgue des festivités des 1000 ans de Beaumont, cette journée se démarquait des manifestations précédentes exclusivement consacrées au patrimoine, « parce que dans ce millénaire de notre commune il y a aussi la vie contemporaine », relève Halima Benaida, conseillère municipale à la vie de quartiers. L’élue connait des membres de KYGEL Théâtre, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), l’association qui a organisé ce voyage dans un temps pas si lointain, mais assez pour emprunter à la nostalgie. Un parcours sonore à travers divers récits pour narrer l’histoire des quartiers de Duquesnel, du RAC et de Boyenval, à l’intérieur de trois pièces d’un appartement ou d’une maison empruntant les décors des années 1960 à 1980.

Emma Fallet et Éva Pénot ont assuré la conception et la mise en scène. « Nous avons recueilli des témoignages de personnes de 20 à 99 ans. Le monsieur presque centenaire réside à la Maison de retraite », raconte Éva Pénot.

Dans sa démarche artistique, KYGEL Théâtre implique totalement les habitants et les collectivités, et c’est la simplicité, l’authenticité des récits qui a touché le public au sein duquel nombreux ont été ceux qui ont revisité sentimentalement « leurs » quartiers.

Plongeons-nous dans celui de Boyenval, le plus récent des trois, créé dans les années 1970, avec des pavillons où emménagèrent souvent des primo-accédants, et des HLM. Mettons le casque entre les oreilles et écoutons… « Je suis né au Cap-Vert. Je suis arrivé à l’âge de 6 ans à Boyenval. C’était en janvier, il neigeait, je n’avais jamais vu la neige, j’en ai mangé, rigole ce Beaumontois d’adoption. Mon frère, ma sœur et moi, nous pleurions. On ne voulait pas rester. Les gens étaient blancs de peau, il y avait un code pour entrer dans l’immeuble… Quand on vient du Cap-Vert, on n’est pas habitué ! J’ai mis du temps pour m’y faire. » Il s’y est fait.

Un autre habitant souligne : « La verdure est présente à Boyenval, ce n’est pas une cité fermée et bétonnée. Au début, par la fenêtre, on voyait les champs, d’ailleurs on l’appelait la ‘’Cité des champs’’. »

Une femme se souvient : « Je suis arrivée à Beaumont en 1986, j’ai acheté un pavillon. Quand on venait de Bobigny, un pavillon à Boyenval, c’était l’Eldorado ! »

Le maire Jean-Michel Aparicio veut surfer sur le succès de cette journée pour mettre surtout les jeunes à l’honneur. « Nos quartiers ont des talents », insiste-t-il.