Jean-Paul Boudeville, grande figure beaumontoise, est décédé à 102 ans

Jean-Paul Boudeville, grande figure beaumontoise, est décédé à 102 ans

 

Le Beaumontois Jean-Paul Boudeville est décédé le vendredi 18 décembre, moins d’un mois après avoir fêté ses 102 ans. L’ancien assureur beaumontois pratiquait toujours le tennis de table, dont il était le doyen national de ce sport.  

Il est parti comme il a vécu : en pleine activité physique. Jean-Paul Boudeville est décédé le vendredi 18 décembre alors qu’il était à la chasse, sur des terres qu’il possédait non loin de Méru, dans l’Oise, sa ville natale le 26 novembre 1918. « Je chasse le petit gibier et le gros comme le cochon », nous avait-il raconté, un jour, cet esprit curieux, très proche de la nature. Et j’ai construit un mirador pour observer les oiseaux quand j’avais 87 ans. »

Hier, une chute lui a été fatale. Au milieu de ses bois, un chêne est tombé, net. Jean-Paul Boudeville était une institution beaumontoise connue, bien sûr, pour sa pratique du tennis de table jusqu’aux jours qui ont précédé sa disparition. « Pour les Beaumontois, c’était un grand monsieur et un sportif de haut niveau puisqu’il devait participer aux championnats du monde des vétérans à Bordeaux, en juin 2021. Avec d’autres élus, nous avions promis d’aller l’y encourager », raconte le maire de Beaumont Jean-Michel Aparicio.

Sa longévité sportive avait suscité un très fort intérêt médiatique. Il avait fait l’objet, récemment, d’un reportage sur France 2, et une journaliste italienne nous avait contacté pour l’interviewer dans le cadre d’un documentaire sur les seniors et le sport.

Il y a 2 ans, au moment de célébrer son 100e anniversaire, Jean-Paul Boudeville avait noté sur une feuille blanche : « Être centenaire m’a permis de vivre les bouleversements qu’ont été le remplacement de la lampe à pétrole au gaz et à l’électricité, de la voiture à cheval à l’automobile. » Il avait mentionné également : « Apparition de l’avion et de l’hélicoptère, du téléphone, de la photo, de la radiographie, de la télévision, de l’ordinateur. » Et cette observation qui rappelait les trente années de métier de celui qui était l’assureur numéro 1 des Beaumontois, jusqu’à sa retraite en 1984 : « Vingt-sept voitures, jamais de diesel, un million et demi de kilomètres... »

Jean-Paul Boudeville était né quinze jours seulement après l’Armistice de la Grande guerre. « C’est quelque chose que beaucoup ignorent : un enfant né entre le 11 et le 30 novembre 1918 était surnommé ‘’petit père de la Victoire’’ pour un garçon, « petite mère de la Victoire’’ pour une fille » , nous avait-il effectivement appris. Cependant la Victoire avait un prix extrêmement lourd pour ses yeux d’enfant. « Mes souvenirs de gamin, ce sont des hommes mutilés, des unijambistes, des gueules cassées… » Naître en 1918, c’était aussi la malchance d’avoir 20 ans peu avant la déclaration du second conflit mondial. Il était affecté à Istres, près de Marseille, où il s’attendait « à une offensive italienne, mais je n’ai pas vu un seul soldat italien », souriait-il.

 

À sa démobilisation en 1942, Jean-Paul Boudeville trouvait du travail chez le fabricant de bennes Benoto à Persan, grimpait très vite dans la hiérarchie : secrétaire général, directeur du personnel. Puis il se mettait à son compte en fondant un cabinet d’assurances et immobilier.

Son histoire avec le tennis de table avait commencé à ses 10 ans, le jour de Noël 1928 lorsque ses parents lui offrirent une raquette. « Et je n’ai jamais arrêté de jouer, disait-il. Ma spécialité, c’était le revers. J’ai été inspiré par le champion de France Charles Dubouillé, je l’avais vu à Méru en 1936, son jeu m’avait stupéfait. »

En 1942, il s’installait à Beaumont, fondait la section tennis de table au Sport olympique de Persan-Beaumont dont le nom est inversé en 1958 lorsque le club déménageait sur l’autre rive de l’Oise, avant d’entrer dans le giron de l’UMOB (Union municipale omnisports de Beaumont). Jean-Paul Boudeville habitait rue Louis-Blanc, tout près de la salle Léo-Lagrange. Il a assurément été le Beaumontois qui a le plus fréquenté ce lieu du sport tango et noir. Il y a également formé de nombreuses générations de jeunes sportifs auxquels il transmettait son inaltérable passion pour le tennis de table. Au fil des décennies, Jean-Paul Boudeville était devenu « Papy pong ». Malgré une prothèse reçue à l’âge de 94 ans, à la hanche de la jambe droite, il était toujours solide.

Solide comme le manche de sa raquette de la marque Szabados (du nom d’un grand champion hongrois d’avant-Guerre) qu’il utilisait depuis 80 ans ! Solide comme un chêne…

SES DATES

26 novembre 1918 : Naissance à Méru.

1928 : Ses parents lui offrent une raquette pour Noël.

1932 : Premier match en tournoi avec la section ping-pong de la Société des amis de la gaieté à Méru (dont il est aujourd’hui président d’honneur).

1936 : Création du Ping-pong club de Méru.

1943 : Création de la section tennis de table au Sport olympique de Persan-Beaumont.

1958 : Transfert du club à Beaumont qui devient le Ping-Pong club de Beaumont-Persan.

1962 : Affiliation du club à l’Union municipale omnisports de Beaumont.

1984 : Départ à la retraite après 30 ans passés à la tête d’un cabinet d’assurances et d’immobilier à Beaumont.

1992 : Participation aux Championnats du monde vétérans en Irlande.

26 novembre 2018 : Il fête son centième anniversaire.

18 décembre 2020 : Décès près de Méru.