L’association pour la défense de la Maison de retraite de Beaumont sera créée le 9 juin

L’association pour la défense de la Maison de retraite de Beaumont sera créée le 9 juin

 

Lors d’une réunion publique, samedi 19 mai, Kader Habachi, directeur de la Maison de retraite de Beaumont, a réitéré ses craintes d’une vente de l’établissement à un groupe privé. En conflit avec la Ville, il est sous le coup d’une procédure de licenciement.

Un orchestre a ouvert l’après-midi du samedi 19 mai à la Résidence pour personnes âgées de la Forêt de Carnelle, à Beaumont. Les pensionnaires ont repris avec plaisir les titres de leur jeunesse. Beaucoup d’entre eux sont restés dans la salle de restaurant – la salle de vie aussi – lorsque les musiciens ont rangé leurs instruments. Ils étaient entourés de leurs familles et de membres de l’opposition municipale, inquiets de l’avenir de la maison de retraite. La salle était comble. Dans la matinée, l’organisateur de cette réunion publique, le directeur de l’établissement, Kader Habachi, a eu la surprise de recevoir la visite (courtoise) des gendarmes. « Cela s’est passé gentiment, ils venaient voir s’il n’y avait pas eu une intrusion de jeunes… Ils m’ont dit : ‘’On ne va pas vous embêtez’’. » Une intrusion de jeunes ? Plutôt une demande de la Ville qui voyait d’un mauvais œil la tenue de cette réunion par ses adversaires.

Les échanges terminés, les participants ont décidé de créer un comité de défense de la Maison de retraite. L’assemblée générale constitutive de cette association a été fixée au samedi 9 juin (15 heures), même lieu. Douze jours plus tard, lors de la séance du Conseil municipal du 21 juin (19 h 30), les trois groupes d’opposition déposeront une motion de défense de l’établissement.

Kader Habachi, le directeur de la Résidence de la Forêt de Carnelle, avec les pensionnaires de l'établissement (photo J.-L. G.).

 

Si Kader Habachi a rédigé une lettre ouverte il y a quelques semaines, c’est parce qu’il est persuadé que la Ville veut vendre, entre trois lots (selon le relevé des géomètres, visible dans le jardin), l’immeuble de la Maison de la retraite et, pour un projet immobilier, son terrain. La Municipalité a répliqué par une autre lettre ouverte (distribuée aux habitants et publiée sur le site internet de la Ville), où elle affirme qu’il « n’a jamais été question de tourner le dos à la Résidence de la Forêt de Carnelle, ni de la brader. La volonté est de maintenir la Résidence autonomie, de conserver sa vocation sociale à laquelle nous sommes tous attachés, et d’œuvrer sur le site au développement de services dédiés à nos seniors. » Elle dit aussi que « les démarches pour assurer l’avenir de la Résidence se poursuivent », et précise : « sans exclure aucune solution ».

De gauche à droite : Kader Habachi (directeur de l’établissement), Xavier Renou (Les Insoumis) et André Tellier (ancien adjoint au maire, président de l’association Touche pas à ma ville). Ce dernier a lu un communiqué de l’ancien maire Fabrice Millereau pour que la Résidence de la Forêt de Carnelle « reste propriété communale ».

 

Devant l’assistance, Kader Habachi a répondu point par point le 19 mai aux critiques de la Ville sur sa gestion. « J’ai été convoqué à un entretien préalable de licenciement, a t-il dit. On m’a envoyé une mise à pied conservatoire. » Sa situation délicate ne l’a pas empêché d’appuyer sur les ressorts de l’humour durant son intervention. Il a, à nouveau, raconté, que Nathalie Groux lui a demandé la liste des résidents (où figure leur degré de dépendance) et celle de leurs familles. « C’est interdit par la loi informatique et libertés de donner un fichier. J’ai répondu que c’était hors de question. Madame Groux est venue avec deux agents de la police municipale. Même si elle venait avec un car de CRS, je ne lui donnerais pas. » Il est également revenu sur la visite d’un acquéreur potentiel, une délégation du groupe Arcade (qui couvre l’ensemble des métiers de l’immobilier avec ses deux pôles, social et privé) et sur son refus d’accéder à la demande « du directeur (lui) qui souhaitait prendre connaissance des ressources des résidents ».

Selon les informations de Kader Habachi, l’estimation de l’ensemble de la propriété par le service des Domaines serait de 3,7 millions d’€. L’association qui gère la Maison de retraite verse actuellement un loyer annuel de 80 000 € à la Ville. « Il passerait à 427 000 € si l’immeuble était détenu par un groupe immobilier, estime le directeur. Si cela arrive, mettez Emmanuel Macron à ma place, même lui dépose le bilan un mois plus tard ! Depuis 1982, je me voue à l’aide à la personne. Aujourd’hui, je résiste, je résiste, je résiste ! »

Jean-Michel Aparicio, du groupe d’opposition municipale Rassembler pour agir, a annoncé la création d’une association de défense de la Maison de retraite (photo J.-L. G.).