Et maintenant, tournez manèges !

Et maintenant, tournez manèges !

 

La fête foraine de Beaumont ouvre le samedi 23 avril et a lieu jusqu’au dimanche 6 mai sur les bords de l'Oise. Nous sommes allés à la rencontre des forains…

 

La plupart des forains stationnent sur les parkings des bords de l’Oise depuis le lundi 23 avril. L’installation des manèges touche à sa fin. C’est l’heure du toilettage à l’approche de l’ouverture de la fête foraine de Beaumont, le samedi 28 avril, à 14 heures. Whitney astique chacune des 20 nacelles qui font, dit-il, le « manège à sensations » de la fête. L’ado travaille avec ses parents. Elle sera affectée à la confection et à la vente de Barbe à baba pendant neuf jours, jusqu’au dimanche 6 mai. « Mon frère s’occupera du fireball, un gyroscope », précise-t-elle. Avant de faire étape à Beaumont, sa famille a animé la fête de Creil (Oise). Comme les Seguin, père, mère et fils. Propriétaire du manège d’auto-tamponneuses, originaire de Viarmes, Franck connaît bien les lieux. « Il y a 35 ans, mon père était là-haut, dit-il en désignant du doigt la place du Château où se tenaient jadis les deux fêtes communales, au printemps et en été. J’avais 10 ans, je l’accompagnais. » Florence, sa femme, est, elle aussi, fille de forains. « Mes parents avaient un jeu de balançoires, je crois qu’il n’en reste que deux en France », dit-elle, bercée par ce manège.

 

Très courte pause pour les Seguin devant leur manège d’auto-tamponneuses, le plus grand de la fête de Beaumont (photo J.-L. G.).

 

En 2009, le couple a repris l’affaire du père de Franck en restant dans le créneau des auto-tamponneuses. « On a 26 voitures, autrefois on en avait 32, mais c’était de plus en plus difficile de les remplir », explique-t-il. Ils regrettent la disparition, il y a quelques années, du feu d’artifice sur les berges de l’Oise. « Il était magnifique, c’était l’appel de la fête, le samedi soir », se souvient Florence. Il gonflait la foule, remplissait les manèges. C’était la garantie d’un premier week-end réussi pour les forains. « Une grosse perte, déplore-t-elle. A Belloy-en-France, où nous nous rendrons après Beaumont, ils ont conservé l’esprit village avec une retraite aux flambeaux, un feu d’artifice… Mais je comprends : c’est plus difficile pour les communes, aujourd’hui. »

Les deux fils du couple mettent la main à la pâte pour déplacer les 60 tonnes du manège qui usent peu à peu les parents comme autrefois les grands-parents. L’aîné a un CAP de menuiserie. « On les dissuade de nous succéder », avoue Florence, face à l’incertitude de l’avenir. Elle lâche cette confidence avec le cœur lourd car c’est sa vie, une tradition familiale qu’on encourageait autrefois les enfants à pérenniser.

« C’est dur pour nous, c’est dur pour les gens, poursuit-elle. On met le tour à 2,50 €, nous sommes les moins chers dans les auto-tamponneuses. Mais cela reste difficile pour une famille de quatre enfants. Alors, à la caisse, on essaie de faire plaisir, d’offrir un ou deux jetons, on reçoit un sourire en échange et on est contents. »

Franck scrute le ciel car les forains sont un peu les cousins des agriculteurs. « On joue beaucoup avec le temps », souligne-t-il. La météo annonce des éclaircies le jour de l’ouverture, peut-être quelques gouttes de pluie à la fin du week-end. C’est la première fête communale que ratera Jeannot Famin, décédé en septembre 2017. Il était né il y a 84 ans dans une roulotte, au bout de la rue de Senlis, à Beaumont.

 

Les derniers préparatifs (photo J.-L. G.).

 

. Ouverture du samedi 28 avril au dimanche 6 mai, tous les après-midis et soirs. Tarif réduit le mercredi 3 mai.