Une Marianne internationale à Beaumont !

Une Marianne internationale à Beaumont !

 

La Marianne de l’artiste franco-iranien Ghass Rouzkhosh sera dévoilée le samedi 6 mai, dans le parc de l’Hôtel de Ville de Beaumont.

Une Marianne « engagée ». C’est ainsi que la Municipalité de Beaumont définit la sculpture d’une nouvelle Marianne, au visage international, qui sera dévoilée, dans le parc de l’Hôtel de Ville, le samedi 6 mai, à 18 heures. Elle a été réalisée par l’artiste franco-iranien Ghass Rouzkhosh, dit Ghass, 59 ans, en résidence à Beaumont. Lorsqu’il s’est installé dans les locaux de l’ancienne Banque de France, en septembre dernier, le mon

de apprenait, avec effroi, la disparition dramatique de Mahsa Amini, étudiante victime du régime iranien. « L’idée germait en arrivant à Beaumont. L’histoire, plutôt ce cauchemar, a croisé mes rêves, explique Ghass. Pour cette Marianne, je me suis inspiré de quelques traits de Mahsa Amini, mais aussi de femmes croisées dans la rue, qui pourraient tout autant être sud-américaines, asiatiques… » À travers Mahsa Amini, il rend hommage « à toutes les femmes prises en otage depuis quarante-trois ans de la République islamique. Elle explose ses chaines, c’est la libération des femmes ! »

Avec Kylian M’Bappé lors de la remise du trophé au meilleur joueur de Ligue 1 en 2022, une sculpture de sa création (photo site Internet Ghass Rouzhosh).

 

Réalisé à partir de 500 dessins, le buste de Marianne est en bronze doré d’une hauteur de 60 centimètres et pèse une cinquantaine de kilos. Il est posé sur un socle de 2 mètres. Treize exemplaires (le chiffre porte-bonheur de l’auteur) seront exposés aux États-Unis, en République dominicaine, au Parlement européen à Bruxelles, à Londres, au Sénat, à Lyon, Bordeaux, Strasbourg...

La première Marianne est beaumontoise. « Merci à la Ville de Beaumont ! s’exclame Ghass, ému par l’accueil qu’il y a reçu. « J’aime prendre les gens dans les bras comme le fait le maire Jean-Michel Aparicio. C’est rare chez les politiques. J’aime sa proximité avec les gens, son humilité. »

Ghass touche la matière et les âmes. Dans sa bouche, le mot « passerelle » revient fréquemment. L’art utilisé comme passerelle pour relier les êtres entre eux. Ce talentueux touche-à-tout peint, dessine, sculpte. Ses œuvres sont contemporaines et monumentales. L’aventure créative n’a pas de limites chez lui, témoin cette Alpine A450, d’une valeur d’un million d’euros, qu’il a transformée en œuvre d’art, en 2016, sur une idée ingénieuse de son frère cadet Golan, fondateur de la galerie GRK (Golan Rouzkhosh Gallery), à Paris.

Depuis huit ans, le trophée remis au meilleur joueur de Ligue 1 est signé Ghass, très bon footballeur durant sa jeunesse. Kylian M’Bappé l’a reçu à trois reprises. « Kylian l’a soupesé. Je lui ai dit : c’est lourd (6,3 kg comme la coupe du monde). Il m’a répondu : ‘’C’est noble’’. »

Ghass est né en 1964 à Mammassani, au sud-ouest du pays, dans la région du Fars, terre d’origine des Persans. Il a grandi dans une famille nombreuse remplie d’amour. « Une famille laïque aux valeurs éternelles. À la maison, il n’y a qu’un seul Dieu, il n’a pas de nom : c’est celui de la bonté et du pardon. Mes parents m’ont élevé dans l’amour de la France, dans l’admiration de la Ville lumière. » Sa mère est férue de poésie. Elle a pour modèle Albert Schweitzer, « l’homme universel », Prix Nobel de la paix en 1952. L’idole de son fils s’appelle Michel Platini.

Entre la peinture et le foot, l’enfance heureuse bascule dans les ténèbres avec la révolution, l’arrivée au pouvoir de l’ayatollah Khomeiny en 1978 ; et, à partir de 1979, la guerre contre l’Irak qui durera huit ans. Ghass en passe deux comme ambulancier sur le front. « Mon rôle : ramasser les blessés aussi rapidement que possible pour tenter de les sauver, et les morts pour rapporter leurs dépouilles à leurs familles avant que les chiens enragés qui grouillent à cet endroit ne les dévorent », écrit-il dans son libre « Peace, dernière illusion ».

« Je suis un enfer », apeure-t-il sous les bombardements de l’aviation de Saddam. « La création joue un rôle fondamental dans mon processus de résilience : le trauma arraché à mon âme est gravé sur mes toiles. » Bien plus tard, à l’atelier des Grands-Augustins, là où Picasso a peint son chef-d’oeuvre Guernica, en quelques jours naitra sa « Nuit de guerre » qu’il décrit ainsi : « Une toile très sombre où des anonymes sont broyés afin que l’homme sorte de son inconscience et se pose la question fondamentale du bien et du mal. »

Ghass dans son atelier beaumontois sous l’œil du photographe brésilien Cesar Duarte.

 

En 1989, il arrive à Paris, vend ses toiles dans les cafés, le métro, vit de petits boulots, s’honore aujourd’hui de n’avoir « jamais profité du système social français ». La France qu’il met sur « un piédestal ». La rencontre avec Mansour Bahrami, l’ancien tennisman iranien, lui ouvre des portes. En 2005, une grande expo de 53 tableaux à Dubaï le fait connaitre à l’international. Il expose à Los Angeles, New York, Washington, Londres…

« Je pense que l’art peut modifier notre société, la rendre pacifique. Si je peux apporter plus de lumière dans notre société... La tolérance nous fait évoluer », soutient Ghass.

Sa Marianne est une œuvre solidaire de tous les mouvements féministes internationaux. Samedi, son inauguration sera suivie d’un concert caritatif de Darya Dadvar, cantatrice franco-iranienne, surnommée « la voix d’Iran », dont les recettes seront reversées à « Femme Azadi », une association engagée dans le mouvement pour les droits des femmes dans ce pays.

Le programme du samedi 6 mai

. 18 heures : Inauguration de la Marianne, parc de l’Hôtel de Ville.

20 heures 30 : Concert caritatif de Darya Dadvar au Beaumont Palace. Entrée : 20 €, Tarif réduit : 10 €. Billetterie : billetweb.fr ; 01-30-28-79-75.

. Circulation et stationnement interdits entre 12 heures 30 et 23 heures 30 : rue Léon-Godin (entre la rue Louis-Blanc et le rond-point de la rue Maurice-Bertaux), rue de Paris (entre la rue Nationale et l'impasse de l'Arquebuse), rue Henri- Pasdeloup, rue Canu, parkings de l'Hôtel de Ville (rue de Paris et rue Léon-Godin), avenue Carnot (les 3 emplacements à droite du portillon donnant accès au parc).