Un historien japonais en visite à Beaumont

Un historien japonais en visite à Beaumont

 

Keizo Kobayashi était de passage à Beaumont le mercredi 1er février. Sa passion pour l’histoire, qu’elle soit avec un grand ou un petit H et sa curiosité native ont conduit ce Japonais de 74 ans à découvrir la ville millénaire. Il a contourné le château, flâné le long de l’Oise malgré la fraîcheur des températures et visité l’hôtel du Croissant.

Son histoire à lui vaut d’être contée. En 1969, à l’âge de 20 ans, il fait le tour du Japon à bicyclette, un voyage qui lui apporte « la joie de vivre ». Il abandonne ses études pour faire le tour du… monde.

Un ami le met en garde : « Si tu pars, tu vas mourir deux fois (sic), une fois en Chine et une fois au Sahara. » Les autorités chinoises refusent de lui accorder un visa. Keizo ne « mourra » pas dans la Chine en pleine révolution culturelle et encore moins dans l'immense désert africain…

Un long cheminement commence. « Puisque je ne pouvais pas réaliser ce projet, je me suis dit : ‘’Tu vas partir en France pour étudier l’histoire du vélo’’ ».

Il débarque à Paris le 2 avril 1974. Dix ans plus tard, il publie un premier ouvrage en français, « Pour une bibliographie du cyclisme ». Puis en 1993, son œuvre majeure : « Histoire du vélocipède, de Drais à Michaux, 1817-1870, mythes et réalités ».

Pour réaliser ce livre qui revisite sur une ou deux roues le 19ème siècle, il effectue 40 000 kilomètres à travers l’Europe, apprend l’allemand pour tout savoir du baron Charles de Drais, père de la Draisienne, et étudie l’anglais. « J’ai consulté 50 000 actes d’état-civil, naissances, mariages, décès en 1840 et 1890 et des milliers de journaux, raconte-t-il. Aujourd’hui, les archives sont numérisées. À l’époque, ma grande joie c’était compulser des livres, ouvrir des cartons recouverts d’une poussière épaisse dans lesquels de précieux documents semblaient dormir depuis l’éternité. Quand je trouvais une information intéressante, la bibliothèque résonnait de mes cris de joie ».

De ses interminables recherches, il apprend que le vélo a été inventé par un Allemand, que la pédale a été trouvée par un Français et que le vélo moderne provient été d’un Anglais. Travail de fourmi pour un rat de bibliothèque et patience toute japonaise… « Il est paradoxal que ce soit un historien japonais qui nous éclaire sur l’origine de la bicyclette. La démonstration de M. Kobayashi est rigoureuse et a rencontré, présenté sous la forme universitaire d’une thèse, l’approbation de la Sorbonne », écrit le préfacier de l’ouvrage, le professeur Jean Tulard, directeur d’études.

Keizo Kobayashi était ravi de sa journée beaumontoise. Il a l’intention de revenir dans la commune pour approfondir ses connaissances.