L’exposition qui éveille les consciences beaumontoises

L’exposition qui éveille les consciences beaumontoises

 

À travers des objets et des témoignages, l’exposition « 39-45, mémoire locale » raconte le quotidien des Beaumontois pendant la Seconde guerre mondiale, à la Maison des artistes et du patrimoine.

Samedi 1er février, courez-y ! L’exposition « 39-45, mémoire locale » vous ouvre ses portes entre 11 heures et 17 heures dans une grande salle de la Maison des artistes et du patrimoine, à l’Hôtel du croissant (2, rue Basse-de-la-Vallée). La foule s’y était pressée, le 25 janvier, pour le vernissage de cette expo démarrée en novembre, qui s’achève le 9 mai. Responsable des expositions historiques au Cercle beaumontois du patrimoine, Marlène Herlem a collecté des objets, documents (privés ou obtenus dans les archives municipales), affiches relatant cette douloureuse époque de la commune, bombardée comme les villes voisines – l’aérodrome de Persan-Beaumont, à Bernes, était une cible stratégique – et désertée par l’exode. Un Beaumontois avait hérité de son grand-père un registre où ce dernier consignait le jour et l’heure des bombardements. À travers une écriture nerveuse, on lit l’angoisse régnant dans les caves des habitations. Et plus loin, la liste des soldats allemands qui ne rentreront jamais chez eux, dont le jeune Herbert, qui n’avait pas 20 ans.

Le document original de la liste des soldats allemands enterrés à Beaumont.

 

« Monsieur Clerget est notre fournisseur officiel ! », s’exclamait Marlène Herlem. Il est vrai que la famille Clerget avait déjà largement contribué au succès de l’expo sur les héros beaumontois de 14-18, il y a trois ans. « Grâce à ce vivier de documents, on fait revivre l’Histoire de Beaumont souvent très méconnue, soulignait l’organisatrice. On se constitue une banque d’archives qui permet de pérenniser la mémoire locale. » L’exposition, elle-même, s’enrichit au gré des témoignages que Marlène Herlem continue de recueillir auprès des personnes âgées dont l’enfance ne rima pas avec innocence. Il y a aussi l’Histoire non officielle, comme celles de ses tirailleurs sénégalais racontée par Pierre Gatellier (84 ans). « Nous avions un jardin ouvrier qui donnait sur la rue Danièle-Casanova. Mon grand-père, Paul, y trouva le corps de 4 soldats sénégalais. Il les a enterrés. »

Au fil des panneaux, on croise des destins exceptionnels comme celui du docteur Jacques Fritschi, qui a donné son nom à l’hôpital de Beaumont. Ce médecin-lieutenant organisa de nombreuses évasions de prisonniers, de blessés. En 1943, il se rapprocha du groupe FTP (Francs-tireurs et partisans) de Chambly. En 1944, il rejoignit les FFI (Forces françaises de l’intérieur), transporta, malgré la permanence du danger, les blessés du maquis de Ronquerolles. Il soigna son chef, Philippe Vianney (enterré à Beaumont, près du carré militaire) au sanatorium de Saint-Martin-du-Tertre. Ou encore il sauva la vie, avec l’aide de son assistante, d’un aviateur britannique tombé en forêt de L’Isle-Adam. Le 31 août 1944, à la libération de Beaumont, le docteur Fritschi apparut au balcon de la mairie devant la place (Gabriel-Péri) noire de monde. Dans son discours, il invita la population à s’unir pour remettre la France en marche et avoir une pensée pour tous ceux qui s’étaient sacrifiés pour elle.

Affiches, documents, témoignages... (photo J.-L. G.).

 

. Exposition ouverte jusqu’au 9 mai, tous les samedis (11 h à 17 h) et, à partir de mars, les mercredis (15 h à 17 h).