Comment les Beaumontois vivaient-ils pendant la Grande guerre…

Comment les Beaumontois vivaient-ils pendant la Grande guerre…

 

Richement documentée, l’exposition « Vivre la Grande guerre à Beaumont-sur-Oise » est présentée à l’Hôtel du Croissant jusqu’au 27 avril. Son vernissage aura lieu le samedi 26 janvier.

Et si « l’ennemi » était à l’intérieur ? En temps de guerre, le danger est partout. En novembre 1914, les Beaumontois voient débarquer dans leur commune 800 hussards. Ils ont été envoyés pour des travaux de terrassement car Beaumont se trouve à la limite du camp retranché de Paris et nécessite donc un système de défense. Or, il y a des « droits communs » chez les terrassiers chargés de creuser des tranchés dans la ville, mais aussi à Presles et à Nointel.

Hébergés par des habitants, ils commettent des dégradations, volent la nourriture, vident les caves… Cent cinquante sont envoyés en prison, et on en renvoie autant.

C’est l’une des histoires inédites que nous raconte l’exposition « Vivre la Grande guerre à Beaumont-sur-Oise », présentée à l’Hôtel du Croissant (2, rue Basse-de-la-Vallée) jusqu’au 27 avril, et dont le vernissage aura lieu le samedi 26 janvier (15 h 30). « Les expos précédentes étaient consacrées au début de la guerre, à l’hôpital auxiliaire, aux héros des familles beaumontoises. Celle-ci, quatre ans de guerre à Beaumont, est le point final », raconte Marlène Herlem, responsable des expositions historiques au Cercle beaumontois du patrimoine.

On y puise de précieuses informations sur la vie de la population à l’écart du front, les tombolas qui servaient d’œuvres sociales, les communications des autorités comme cette lettre du sous-préfet qui ordonnait au maire d’éteindre la lumière du cadran de l’Hôtel de ville, considérant qu’il était « un vrai appel aux taubes et zeppelins ».

L’exposition recèle d’objets et d’archives (photo J.-L. G.).

 

Le maire, on fait sa connaissance en parcourant les panneaux d’informations. Il s’appelle Gustave Lefèvre. Administrer sa commune n’est pas une sinécure pendant le conflit. Les deux ponts ont été détruits le 3 septembre 1914 par le génie, car les Allemands sont dans les environs de Creil. Les « Taxis de la Marne » détourneront leur route de Beaumont. Un gradé enjoint Gustave Lefèvre de céder des matériaux pour barricader la ville et l’évacuer. Ses informations tendent à penser que les envahisseurs ne viendront pas jusque-là. Sans doute pour ne pas affoler la population, il n’obtempère pas. Deux semaines de prison pour le maire !

On apprend aussi l’arrêt pendant dix jours de l’exploitation du lac des Ciments. Elle appartient à une société suisse, dont il faut s’assurer que la direction n’espionne pas au profit de l’ennemi.

L’émotion gagne le visiteur en découvrant les cahiers de souvenirs d’Albert Cabillaux, Beaumontois d’adoption décédé en 1988 à l’âge de 90 ans. Les tranchées, le gaz, la crasse, les rats. L’horreur y est décrite d’une écriture sans rature. Les copains, le printemps, les violettes racontent la fraternité et l’espoir aussi. Albert Cabillaux fut incorporé en 1917 à seulement 19 ans, il participa à la bataille de Verdun en février 1918.

« La mort de Durandeu », par son frère des tranchées, Albert Cabillaux (photo J.-L. G.).