Gabin, Dietrich, Glâtre, un trio dans la guerre

Gabin, Dietrich, Glâtre, un trio dans la guerre

Patrick Glâtre, auteur d'un troisième livre sur Jean Gabin, 334 pages passionnantes (photo Astrid di Crollalanza).

 

 

Pour le quarantième anniversaire de la disparition du célèbre acteur, Patrick Glâtre, ancien professeur de français au collège de Beaumont, publie un livre inédit sur le couple Gabin-Dietrich durant la Seconde guerre mondiale. Une vraie performance !

« La guerre, c’est pas du cinéma », répétait à l’envi Jean Gabin avec la gouaille empruntée aux faubourgs. Et comme la guerre c’est pas du cinéma, le célèbre acteur l’a connue sous son « vrai » nom, Moncorgé, en participant à la libération de Royan et en poussant jusqu’au « nid d’aigle » d’Hitler. Diplômé de l’Ecole pratique des hautes études, « pion » puis professeur de français au collège Jacques Monod à Beaumont-sur-Oise de 1990 à 1996, chargé de mission Images & cinéma au département du Val-d’Oise, Patrick Glâtre se nourrit depuis longtemps de la vie de Gabin. Il lui a consacré des livres « Jean Gabin, la traversée d’un siècle » (Creaphis, 2014) et « Jean Gabin, acteur de la libération de Royan » (Bonne-Anse, 2015). Il a été consultant sur l’émission « Un jour, un destin, Jean Gabin » (France 2), a participé à l’écriture du documentaire « Jean Gabin, une âme française » (France 5). Il est également l’auteur de « Jean Gabin, une enfance à Mériel », film lu par Vincent Lindon et présenté aux visiteurs du musée de la commune du Val-d’Oise où ce monstre sacré du cinéma passa son enfance.

 

« Gabin était surveillé par le FBI »

 

Avec son troisième ouvrage, « Gabin-Dietrich, un couple dans la guerre », sorti le jeudi 3 novembre, Patrick Glâtre signe une performance de haut vol. Son apport sur la période américaine de l’acteur de « Gueule d’amour » et « Touchez pas au grisbi » est très important. Car, non, ce n’est pas un livre de plus sur Gabin ! Enrichies par de nombreuses photos rares et de documents inédits, ses pages déroulent une enquête encore jamais réalisée sur l’histoire de ce couple mythique du cinéma exilé aux États-Unis pendant le second conflit mondial. Révélation exaltante pour l’écrivain, « en mai 2015, je découvre que Gabin est surveillé par le FBI. Marlene Dietrich, l’Allemande, qui a quitté son pays aux premières heures du Reich, était placée sous surveillance. Lorsque, dans les années 90, des documents secrets sont déclassifiés, tout le monde s’intéresse à John Kennedy et Marilyn Monroe, pas à Marlene Dietrich. Par association d’idées, je me dis que si elle était dans le viseur du FBI, Gabin l’était aussi. Après de nombreuses recherches sur Internet, je tombe sur un document de 250 pages du dossier, en anglais. J’étais aux anges ! Les biographes de Gabin ne s’étaient jamais intéressés à ce sujet. »

 

 

Gabin a quitté la France car il refuse de travailler pour les Nazis ; pourtant, il est suspecté d’être pro-vichyste, rumeur colportée par l’acteur franco-américain Charles Boyer. L’avocate qu’il engage pour renouveler sa carte de séjour est une correspondante du... FBI. Pour Patrick Glâtre, cette suspicion explique son départ des États-Unis où il était l’acteur français le mieux payé d’Hollywood, et son engagement dans la guerre. « Il a 40 ans, peur du feu, claustrophobe et il devient chef de char ! Comme s’il s’était imposé à lui-même la pire des épreuves, analyse le biographe val-d’oisien. C’est pourquoi, ajoute-t-il en souriant, Gabin répète toute sa vie : ‘’Les Américains sont des cons’’ ».

Gabin, Dietrich, Glâtre, un trio dans la guerre : tant l’ex-prof du collège de Beaumont s’est investi dans la recherche, l’écriture et l’évocation d’un personnage considérable disparu il y a quarante ans (le 15 novembre 1976), et qui nous fascine toujours autant.

Editions Robert Laffont. 334 pages. Prix : 21 €.