Le « gardien volant » de Tizi-Ouzou est revenu à Persan

Le « gardien volant » de Tizi-Ouzou est revenu à Persan

De gauche à droite : Bernard Fourré, Jean-Claude Benoit dit « Cocoche », Ali Bellahcene, Daniel Giovanetti et Jean-Claude Guillaume (photo J.-L. G.). 

Cinquante-six ans plus tard, Ali Bellahcene était ému en revoyant ses anciens coéquipiers et en retrouvant le stade Gaston-Deschamps.

 

En pénétrant dans le vieux stade Gaston-Deschamps, à Persan, le jeudi 22 décembre, Ali Bellahcene se retrouve aussitôt aimanté par l’un des buts, son ancien territoire qu’il n’avait plus revu depuis l’année 1960 ! « Rien n’a changé, il n’y a que cette main courante qui a été ajoutée », constate-t-il. Puis, fixant son regard à l’opposé du terrain en réfection, d’un vert et d’un aspect magnifiques, il lâche : « C’est la même tribune. » Elégant dans son manteau noir, sa casquette grise, sa cravate ajustée, Ali, 78 ans, est ému. Cela se voit, cela se sent. La visite du stade persanais était une étape à laquelle il tenait par-dessus tout lors de son séjour en France, depuis Tizi-Ouzou, sa ville en Algérie. « J’ai joué deux saisons au CSM Persan, en 1958-1959 et 1959-1960, raconte-t-il. J’étais gardien de but titulaire, insiste-t-il. A Presles, j’apprenais le métier de coffreur-boiseur dans un centre de formation. Je suis revenu avec mon fils, il y a vingt-six ans, se souvient-il précisément. Malheureusement, le stade était fermé… »

 

« Tu te souviens ? »

 

Magie de Noël ? Nostalgie ? Joli clin d’œil du destin ? Un peu de tout cela à la fois. Surtout, ce retour aux sources du football persanais et d’un pan de sa vie, il l’a effectué grâce aux liens entre sa fille, médecin à Bordeaux, et Bernard Fourré, ancien dirigeant « historique » et mémoire du club. Bernard a fait à Ali la surprise de prévenir plusieurs de ses anciens coéquipiers de sa visite. Il a ainsi retrouvé celui qui le protégeait, son défenseur central, Jean-Claude Benoit, 79 ans. « A Persan, personne ne connaît mon nom, relève ce dernier. Tout le monde m’appelle ‘’Cocoche’’ ». Il y avait aussi Daniel Giovanetti, milieu de terrain. Jean-Claude Guillaume jouait lui pour Creil, à cette époque, mais comme il habitait à proximité du stade, le gardien de but s’entraînait avec les joueurs du club persanais. Lucien Cailliot n’avait pu venir car il sort seulement de l’hôpital pour une opération à une hanche. Ses anciens camarades le reconnaissent au premier coup d’œil sur une photo encadrée dans le club-house. « Il avait quitté Persan pour tenter sa chance dans le professionnalisme à Metz », entend-on.

 

Son premier réflexe de gardien : se diriger vers les cages (photo J.-L. G.).

Une autre image attire l’attention de tous. C’est celle d’Ali Bellahcene, défendant le but de la Jeunesse sportive de Kabylie (le club le plus titré d’Algérie), avant et après son chapitre persanais. Il est vêtu d’un maillot noir et coiffé d’une casquette – la tenue traditionnelle du gardien dans les années 1950-1960. Il plonge à l’horizontale. « J’étais le gardien volant, on m’appelait le chat ».

Une étincelle et les discours s’enflamment : « Tu te souviens ? » « Oh, oui, mais c’était il y a presque soixante ans ! » Devant les « vieilles gloires » tellement heureuses de se retrouver sur le lieu de leur jeunesse, Kamal Azzouzi, le responsable de l’école de foot, trouve les mots justes : « Bienvenue chez vous ! » Le vice-président Ousmane N’Diaye, le vice-président de l’US Persan 03, est ravi lui aussi de vivre ce beau moment de partage qui est également intergénérationnel. Et pour marquer l’évènement, le « gardien volant » de Tizi-Ouzou offre à ses hôtes un écusson aux couleurs jaune et verte de la JSK. Avant de repartir, il sourit : « A Persan, j’étais la mascotte du club ».

 

Ali Bellahcene et Ousmane N’Diaye, le vice-président de l’US Persan 03, devant la photo du « gardien volant » (photo J.-L. G.).