L’exil persanais d’une mère de famille et de ses enfants

L’exil persanais d’une mère de famille et de ses enfants

 

Depuis près de deux ans, Katia et ses enfants qui ont fui l’Ukraine en guerre, sont hébergés dans la famille d’Alain Kasse, l’ancien maire de Persan.

En ce mercredi de vacances scolaires, Katia et ses enfants sont allés voir « Le dernier Jaguar » au mégarama de Chambly. Ils ont beaucoup aimé le film et sûrement appris quelques mots de français supplémentaires. Demain samedi 24 février, c’est le jour du sinistre deuxième anniversaire du déclenchement de la guerre en Ukraine. Katia habitait dans un village près de Brovary, région de Kiev, qui a été bombardé. Elle a fui la ville avec ses deux fils Michailo et Stanislas pour rejoindre la frontière roumaine et un convoi humanitaire de quatorze camions, dont cinq chargés de dons par les membres de l’association Ukraine-Persan Solidaire.

L’intermédiaire s’appelle Olekandr. Cet Ukrainien a vécu et travaillé pendant 4 ans à Persan chez Modap, un aménageur foncier. Il s’est lié d’amitié avec Hervé Coudrel, le chef de la Police municipale de Persan. « Je connais des gens, il faut les aider », lui dit-il. Hervé Coudrel (décédé quelques mois plus tard) songe aussitôt aux époux Kasse, dont Alain est alors le maire de Persan pour les héberger, « parce que notre maison est grande », rapporte l’ancien élu. À l’époque, l’État fait appel aux Français pour recevoir chez eux pendant une année des Ukrainiens qui ont choisi l’exil.

Après dix jours et 400 kilomètres sur les routes de leur pays exposées à tous les dangers avant de franchir le pont sur l’Iza, décoré de peluches comme l’espoir des enfants de retrouver la paix, ils sont en Roumanie où Katia et ses enfants rejoignent le convoi. « Je ne connaissais pas la France, j’appréhendais de partir. Olekandr ne m’a pas laissé le choix », dit-elle.  

Ils arrivent à Persan le 16 mars 2022. Deux ans plus tard, ils vivent toujours chez les Kasse. « Maintenant, c’est notre famille », se réjouit-t-elle. « Une grande famille, renchérit Joseline Kasse. Ils sont adorables. On les emmène partout, en vacances, avec nos enfants et nos petit-enfants. On est quatorze ! » Même « Betty », le bichon maltais qui a fui lui aussi l’Ukraine, a trouvé un copain avec « Snow », le chien des Kasse.

« J’ai compris que la guerre allait durer, qu’il fallait apprendre le français, Joseline m’a appris les bases, c’est la meilleure professeure, on est toujours ensemble, on rit beaucoup ! » Via Pôle Emploi (aujourd’hui France Travail), elle prend des cours de langue à Ermont et aujourd’hui à Persan.

Katia est équipée d’un sourire permanent qui vire parfois à la mélancolie, cependant l’espoir reprend souvent le dessus. Son fils aîné Michailo, 12 ans, est en 5e au collège Georges-Brassens, dans une classe pour non francophones. Son petit frère Stanislas 6 ans, est en CP à l’école Paul-Éluard. Il parle le français sans aucun accent. Lorsqu’ils rentrent de l’école, les cours ne sont pas terminés pour autant. « Ils suivent des cours avec des professeurs en visio depuis l’Ukraine, raconte leur mère. C’est beaucoup de travail pour eux mais quand on retournera à la maison, ils n’auront pas perdu de temps. » Rentrer à la maison ? « Impossible de savoir quand », glisse Katia qui travaillait comme esthéticienne. Pour exercer ce métier en France, il lui faut refaire une formation. Ou peut-être se dirigera-t-elle vers la confection de bijoux fantaisie pour laquelle elle possède un vrai don.

Une policière roumaine sur le pont de l’Iza, la rivière qui sépare l’Ukraine de la Roumanie.

 

Une collecte le 16 mars au centre E. Leclerc à Chambly

Une collecte de dons pour les populations ukrainiennes est organisée le samedi 16 mars dans le Centre E. Leclerc de Chambly (devant la parapharmacie) par l’association Ukraine-Persan Solidaire. Fin mars, un camion prendra la route de l'Ukraine, soit 4 400 kilomètres, aller et retour.

Les besoins urgents sont les suivants : produits d’hygiène, alimentation, couches, lingettes pour bébés, aliments en conserve, lait, biscuits, produits de pharmacie (pansements, alcools, compresses…), protections hommes et femmes, sous-vêtements enfants et adultes, sacs de couchage, couverture, couettes…

L’association tient des permanences à la Maison Blanche (rues Gambetta et Mauriac), les 12 mars, 16 avril, 14 mai et 12 juin (15 h à 18 h)

Contacts.- Alain Kasse, président (07-71-11-13-96) ; Sylvain Lacassagne, trésorier (06-84-48-09-41) ; Christine Marques, secrétaire (06-50-21-19-60).