La chanson du Clairon réchauffe les cœurs, pas les pieds

La chanson du Clairon réchauffe les cœurs, pas les pieds

 

Les conditions climatiques étaient difficiles durant la cérémonie du 99e anniversaire de l’Armistice du 11 novembre 1918, à Persan.

 

Dictée par les prévisions météorologiques, la précaution n’a pas été inutile. Trois abris en toile ont été montés face au monument aux morts, à Persan où la pluie tombe drue. Les jeunes musiciens s’exercent, la vertu est double : ils se rassurent et réchauffent leurs doigts. Au loin, on aperçoit le cortège des anciens combattants, élus et militaires, partis du parvis de l’Hôtel de ville, remontant la rue Pierre-Brossolette. Arrivés sur le lieu de la cérémonie, chacun trouve sa place : à gauche de l’harmonie, les élus ; en face, les officiers de gendarmerie et de sapeurs-pompiers ; à droite, les porte-drapeaux des associations patriotiques. Et tout près d’eux, un peu en retrait, le président de l’Union des sections d’anciens combattants, Guy Rumigny. C’est lui le maître de cérémonie. Le mauvais temps complique un peu sa tâche. La buée s’acharne sur les verres de ses lunettes. Vite, une paire de rechange ! Pas d’affolement, non plus, il a l’habitude du rôle. Sa voix claque : « Garde à vous ! Portez les drapeaux ! Ouvrez le ban ! »

 

Le sénateur Arnaud Bazin dépose une gerbe (photo J.-L. G.).

 

Le sénateur du Val-d’Oise, Arnaud Bazin, dépose une gerbe. Lui succèdent André Pain, pour l’Association des anciens combattants et prisonniers de guerre ; son épouse Marie-Thérèse Pain, au nom du Souvenir français. Le maire de Persan Alain Kasse a un geste très symbolique, il confie la gerbe de la Ville à deux élèves du collège Georges-Brassens. Deux autres de leurs camarades déposent à leur tour des fleurs, achetées sur leurs propres deniers, une initiative de leur professeur d’histoire-géo, William Cottiaux.

La pluie ne cesse de tomber. Pas de cirés chez les militaires en uniforme. Des gouttes d’eau perlent leurs visages. Elles restent suspendues à leurs joues rougies par le froid. Ils ne bronchent pas.

 

Les jeunes du Conseil communal ont financé leur gerbe (photo J.-L. G.).

 

Jacques Jacopit, 2e adjoint délégué, entre autres missions, aux commémorations patriotiques, énonce les noms des Persanais morts en 1917 : Georges Bertrand, Raymond Camus, Maurice Dugue, Ernest Poncin, Alphonse Lauwerrier, Antoine Leygnier et Robert Vanaker. Cette année-là est la moins meurtrière pour les enfants de la commune durant la Grande guerre où 131 d’entre eux ne sont jamais revenus.

Et puis, il y a cette chanson, assez inattendue, sortie d’un enregistrement d’époque : « Le Clairon ». Elle a été écrite peu après la guerre de 1870. Disparu à l’aube du premier conflit mondial, son auteur, Paul Déroulède était nationaliste, militariste, antiparlementaire. Il exalte le clairon qui, blessé à mort, continue de sonner la charge jusqu’à la victoire finale. Il sublime le sacrifice ultime. Des millions de soldats en ont entonné l'air à l'aube du conflit en 1914. Les paroles sont martiales, cependant, il faut l'avouer l’air est gai, il réchauffe les cœurs. Mais pas les pieds. Surtout ceux des militaires qui restent stoïques, des chaussures au képi…

Pas de pigeons pour dire la paix, leur envol est suspendu, ils n’apprécient guère la grisâtre. Direction Beaumont pour le second volet de ces cérémonies inter-villes. Et il pleut toujours.

 

Durant la Première guerre mondiale, 131 soldats persanais sont morts (photo J.-L. G.).