Pour le maire de Bruyères, « les objectifs sanitaires de la rentrée scolaire sont impossibles à tenir »

Pour le maire de Bruyères, « les objectifs sanitaires de la rentrée scolaire sont impossibles à tenir »

 

Si sa responsabilité n’est pas dégagée en cas de problème, Alain Garbe n'entend pas rouvrir les écoles de la commune. Le maire de Bruyères s'explique.

Dans une lettre adressée du président de la République et publiée par « La Tribune », 316 maires de l’Île-de-France demandent officiellement le report de la réouverture des écoles, programmée le lundi 11 mai pour les professeurs et le mardi 12 mai pour les élèves.

Ils sont 28 signataires dans le Val-d’Oise, dont Alain Garbe, le maire (PS) de Bruyères, le seul de la Communauté de communes du Haut Val-d’Oise à avoir effectué cette démarche. Ce lundi 4 mai, il a rencontré les directrices d’écoles briolines dans la perspective d’une rentrée dans une semaine. « L’État change les règles tous les jours, le premier calendrier mis en place n’est plus valable, la rentrée devait se faire de manière progressive, et finalement elle se fera avec tous les élèves », regrette-il.

À Bruyères, 700 enfants de maternelle et primaire sont inscrits dans les 3 écoles de la commune. « Beaucoup de parents sont craintifs et n’enverront pas leurs enfants, mais je pense que les élèves seront quand même 150 à 200 à reprendre. On a la chance d’avoir des directrices et des professeurs presque tous volontaires. Mais on a aussi des personnels qui ont des pathologies. »

Les interrogations, nombreuses, demeurent. Alain Garbe relève ce paradoxe : « Les rassemblements de plus de 10 personnes sont interdits sur la voie publique et on parle de 15 enfants par classe… Il faut un espace de 4 pour chaque enfant, mais on fait comment avec 15 enfants ? On n’a pas de salle de classe de 60 à Bruyères ! Et à chaque fois qu’un enfant va aux toilettes il faudra désinfecter après son passage. Les objectifs sanitaires sont impossibles à tenir. » Selon lui, beaucoup de questions restent sans réponse. « Il faut isoler un enfant qui aurait des symptômes. L’isoler, cela veut dire quoi ? On ne peut pas le laisser seul. Qui s’en occupe ? Un professeur ? Et que devient sa classe pendant ce temps ? »  

Parallèlement, déplore le maire, « il y a un tas de choses qu’on n’a pas. On attend toujours les masques que nous avons commandés, il y en a 800 en tissu pour les enfants. Et regardez le calendrier : on saura le jeudi 7 mai, à la veille d’un week-end de trois jours, si on ouvre les écoles, sauf si le Val-d’Oise est dans le rouge. À Bruyères, si on ouvre, cela ne sera pas avant le jeudi 14 mai », souligne-t-il.

Ce collectif des 316 édiles franciliens demande au chef de l’État « de ne pas faire reposer sur les maires la responsabilité juridique, politique et morale de la réouverture des écoles, mais de les associer dans une concertation avec le préfet de département, qui doit assumer l’entière responsabilité de sa décision prise sur proposition du maire. » Alain Garbe insiste sur ce point : « Aujourd’hui, la responsabilité des maires est totalement engagée. Je suis un élu de la République, mais si on n’est pas dégagé de cette responsabilité, je n’ouvre pas. On n’a pas la garantie qu’un enfant ne sera pas infecté. Si quelque chose arrive, j’aurais toujours ça sur la conscience. Cela fait froid dans le dos. »