La galère nocturne d’Estelle : cinq heures dans un train entre la gare du Nord et Chambly !

La galère nocturne d’Estelle : cinq heures dans un train entre la gare du Nord et Chambly !

 

À cause de la chute d’un arbre, des centaines de voyageurs ont été bloqués pendant une partie de la nuit du samedi 4 au dimanche 5 juin, à l'intérieur d'un train parti de la gare du Nord à 20 heures. Parmi eux, Estelle, qui est rentrée chez elle à 3 heures du matin.

Les médias ont beaucoup parlé de l’accident de caténaire qui a provoqué de très grosses perturbations du trafic ferroviaire, le dimanche 5 juin, depuis la gare du Nord à Paris.

La veille, la circulation des trains avait été interrompue entre Paris-Nord et Creil. « Un arbre est tombé sur les installations électriques à hauteur de Survilliers après les orages », expliquait la SNCF dans un tweet publié à 20 h 58. L’accident a bloqué des centaines de voyageurs, parmi lesquelles Estelle, une Camblysienne qui nous raconte cette nuit de galère...

« En raison de travaux, il faut monter jusqu’à Creil et redescendre sur Chambly. Le train part à 20 h 01 de la gare du Nord. C’est le dernier TER de la journée. C’est assez blindé, mais nous avons tous une place assise. Après dix minutes, il stoppe. Le conducteur passe dans les wagons et annonce une panne de courant. Il semble assez stressé, il dit : « On n’en n’a au moins pour 2 heures avant de repartir. » Nous sommes aux alentours de la gare de Goussainville, au milieu des arbres. Le temps est très lourd, il a fait très chaud dans l’après-midi, puis les orages ont éclaté, je suis trempée. Une atmosphère de chaleur humide. Il n’y a pas de possibilité d’ouvrir les fenêtres – ce sont des fenêtres qui ne s’ouvrent pas. Les toilettes sont fermées.

« Il y a une très bonne ambiance entre la plupart d’entre nous. On rigole, on parle beaucoup, ça m’a surpris car, habituellement, dans un train, les gens ne se parlent pas.

« Il y a aussi quelques râleurs et râleuses, et même un peu de panique chez certains. Une dame est énervée, elle veut sortir. Un agent de la SNCF lui dit que c’est impossible pour des raisons évidentes de sécurité : « Je m’en fous, je veux sortir ! », insiste-t-elle. Des gens essaient de forcer les portes.

« Puis, vers 23 heures, lorsqu’ils ont l’assurance qu’aucun train ne circule, les agents donnent le choix aux gens de descendre ou de rester à l’intérieur. En les prévenant : « Si vous sortez, c’est impossible de rentrer ». Il y a un couple de touristes lettons, qui va à Beauvais, ils semble perdu, ne pas comprendre. Ils veulent sortir. Comme je me débrouille bien en anglais, je leur dit surtout de rester. Qu’auraient-ils fait, une fois dehors, en pleine nature, en pleine nuit ?

« Le train va repartir dans une heure, nous dit-on, sans doute pour acheter la paix. En fait, on attend trois heures supplémentaires. On demande de l’eau aux agents. Cinquante bouteilles d’eau sont distribuées : les enfants d’abord. L’ambiance finit par tomber, les lumières s’éteignent. : va-t-on rester toute la nuit ici ?

«  Le train repart ! On arrive à Creil. Un arrêt de 10 minutes. À 2 h 45, nous entrons en gare de Chambly, à 3 heures je suis enfin chez moi. Cinq heures après avoir quitté la gare du Nord… »