Le nouveau visage de la Cité cheminote du Moulin-Neuf à Chambly

Le nouveau visage de la Cité cheminote du Moulin-Neuf à Chambly

 

La fin des travaux de rénovation de la Cité du Moulin-Neuf, un lieu historique de Chambly longtemps laissé à l’abandon, a été célébrée le jeudi 21 décembre. Ils ont coûté 6,3 millions d’€ à un bailleur social de la SNCF.

 

Dictée par les prévisions météo, l’installation d’un chapiteau a été très utile en ce jeudi 21 décembre, à proximité de la place Jean-Jacques Boitiaux, à Chambly. Une partie des habitants de la Cité-jardin du Moulin-Neuf, notamment des cheminots à la retraite, s’y étaient retrouvés à l’invitation de la Ville de Chambly et d’ICF Habitat Nord-Est, filiale de la SNCF, pour l’inauguration de la rénovation des voiries.

Le discours de David Lazarus, le maire (PS) de Chambly, tranchait avec les mots convenus que nous entendons souvent de la bouche des élus soucieux de ne froisser personne (sauf l’Etat…). Un discours sans langue de bois, qui démarrait par cette exclamation : « Ouf, j’ai envie de dire ouf ! » Il enchaînait en continuant à donner de la voix. « Notre Cité du Moulin-Neuf s’était endormie, assoupie : ça évite de dire des gros mots. Je ne sais pas qui de nous (la Ville ou le bailleur social) l’a réveillée… Mais la Ville n’avait pas le droit d’intervenir, elle ne pouvait pas s’occuper du quotidien de 20 % de la population de Chambly », insistait-il en pointant cette situation paradoxale. En effet, ce territoire appartient à la SNCF, via l’une de ses filiales : La Sablière jusqu’en 2008 et depuis 9 ans, ICF Habitat Nord-Est. Autrefois, Michel Françaix, l’ancien député-maire (PS) de Chambly désespérait de pouvoir intervenir dans cet immense quartier laissé à l’abandon par son propriétaire. « Quand j’ai été élu en 2013, j’ai voulu relancer ce dossier », soulignait David Lazarus. S’adressant à Christine Richard, directrice générale d’ICF Habitat Nord-Est, il rappelait : « Vous avez accepté cette rénovation dans un délai de cinq ans, j’ai dit que c’était inacceptable. Cela n’était pas normal de rester cinq ans dans la gadoue pour les habitants. Vous avez même été encore plus vite que ce qui avait été négocié. La fin était prévue pour septembre 2018, les travaux ont duré quinze mois à peine. »

 

Sur la droite, Christine Richard, directrice générale d’ICF Habitat Nord-Est, et David Lazarus, maire de Chambly.

 

Ce discours, souvent offensif, du Maire, ravi d’avoir obtenu enfin satisfaction, était doublé d’une autre critique à propos de la salle Pierre-Sémard que la SNCF a refusé de vendre à la Ville pendant longtemps avant la signature de l’acte en ce mois de décembre. « Je sais qui a fait quoi (pour entraver l’acquisition), déplorait-il. On l’a laissée pourrir, les habitants en ont été privés pendant de nombreuses années. En mars, avril prochains, nous déposerons les déclarations de travaux avec un architecte. J’ai bon espoir qu’ils se termineront fin 2018, puis on la rendra aux habitants de Chambly. Ce n’est pas seulement un patrimoine historique, c’est aussi un patrimoine émotionnel, ajoutait-il. Il y avait des fêtes, du théâtre, parfois on s’y réunissait après un deuil… Elle servira de salle des fêtes, les associations l’utiliseront, on la louera pour des évènements privés. »

 

Les habitants écoutent le discours (offensif) de leur maire (photo J.-L. G.).

 

Christine Richard avait précédé David Lazarus dans la prise de parole. « Nous étions propriétaires de plus 5 km de voiries, un quart de la commune, or en tant que bailleur social, notre rôle n’est pas de gérer des voiries d’une telle ampleur, constatait la directrice d’ICF Habitat Nord-Est. Dans cette logique, et à sa demande, nous avons restauré pour un coût supérieur à 6 millions d’€ et rétrocédé à la mairie (qui est désormais chargée de les entretenir) ces voiries et réseaux neufs, mais aussi de nouveaux équipements publics : parkings, placettes, pistes cyclables, bancs... » En complément de la réhabilitation de 250 habitations achevée en 2013, elle annonçait « la construction à proximité un programme de 79 logements individuels et collectifs ».

En préambule, Christine Richard avait effectué un bref historique de la Cité cheminote, naturellement inscrite au patrimoine local. « Les premières habitations ont été construites dans les années 20. C’était des maisons dotées d’un confort exceptionnel pour l’époque, avec des jardins qui constituait une occupation et permettait de cultiver un potager. »

Un habitant glissait avec nostalgie : « J’avais des poules et des lapins. » Dans le public, constitué d’anciens ouvriers de la SNCF, les dents grinçaient un peu. « Ah bon, une occupation ! Le jardin, c’était le dimanche. Parce qu’on travaillait six jours sur sept », lâchait un retraité en prenant à témoin l’un de ses voisins. « Oui, et puis le confort exceptionnel, il était pour les cadres. Nos toilettes, elles étaient à l’extérieur. » Un autre se remémorait la sirène qui appelait les ouvriers à retourner au boulot. « Je suis arrivé en 1970, elle a cessé de retentir un an plus tard. » L’un de ses anciens collègues estimait que « si on habitait à côté c’était pour entendre la sirène, ça arrangeait les patrons. » Mais, aujourd’hui, ils ne quitteraient « leur » Cité pour rien au monde…

 

Inauguration pluvieuse, inauguration heureuse (photo J.-L. G.).

 

LES TRAVAUX DE VOIRIES ET DE

RÉSEAUX ONT COÛTÉ 6 315 800 €

. Chaussées : 2 100 000 €.

. Assainissement : 3 425 000 €.

. Eclairage : 200 000 €.

. Espace verts : 250 000 €.

. Honoraires : 340 800 €.

 

LES CHIFFRES DE LA RÉNOVATION

. 5,1 km de voiries réhabilités (26 400 m2).

. 8,7 km de trottoirs réalisés (18 300 m2°.

. 7,5 km de canalisations posés ou réhabilités pour les réseaux d’eaux.

. 4 plateaux surélevés créés pour faire ralentir les véhicules et sécuriser les traversées par les piétons.

. 72 places de parking créées.

. 2 830 m2 de surfaces engazonnées et paysagées dans la Cité Jardin.

. 153 arbres plantés.

. 139 réverbères installés.