La sauvegarde des services de l’hôpital a mobilisé 400 personnes à Beaumont

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La sauvegarde des services de l’hôpital a mobilisé 400 personnes à Beaumont

 

Organisée par les syndicats GGT, UNSA et SUD, la manifestation pour la sauvegarde des services et l’emploi à l’hôpital de Beaumont a réuni environ 400 personnes, ce mercredi 5 décembre.

Ils ont protesté, ce mercredi 5 décembre, contre le projet de réorganisation de l’hôpital Jacques-Fritschi lancé par le Groupement hospitalier de territoire nord-ouest Vexin Val-d’Oise (GHT Novo). « Sans la population, nous ne pouvons rien. C’est l’affaire de tous. Tout le monde est dans la même galère », a souligné Christine Huet, de la CGT (Beaumont) en s’adressant aux nombreux habitants présents sur le parking de l’établissement. Cette dernière a évoqué la suppression de 70 lits, dont 18 en pédiatrie, « un service qui fonctionne bien », assure-t-elle, et estimé la perte d’environ 100 emplois. « De qui se moque-t-on ? a-t-elle interrogé à plusieurs reprises. Si Pontoise est plein, où aller ? À Creil ? À Beauvais ? À Amiens ? À Paris ? On recule l’offre de soins. Ils parlent de mutualisation, mais c’est la fermeture. Ces 18 lits vous ne les retrouverez pas à Pontoise… On est en service minimum tous les jours, poursuivait-elle. C’est vrai, on n’a pas de super chambres comme à Conti (clinique de L’Isle-Adam), mais le personnel est qualifié et il y a de l’humain. Ce qu’on veut c’est bien soigner. »

Les infirmières de la pédiatrie ont exprimé leurs inquiétudes et leurs espoirs en chansons (photo J.-L. G.).

 

À l’évocation des urgences, elle annonçait que « trois médecins libéraux vont partir à la retraite. Les urgences sont déjà asphyxiées, elles vont déborder. » Médecin urgentiste, Pascal Mathé rapportait cet échange avec un membre de la direction. « J’ai demandé pourquoi la pédiatrie fermait. On m’a répondu que les chiffres sont mauvais. Je ne soigne pas des chiffres, je soigne des patients. Or, les patients ne sont pas mauvais. » Selon Christine Appiani (CGT, CH René-Dubos à Pontoise), « si on ferme la ''réa'', on ne donne pas 2 ans aux urgences avant de fermer à leur tour. » Elle se souvenait qu’en 2011, « l’hôpital de Pontoise comptait 1 134 lits et places à lui seul. Aujourd’hui, l’ensemble du groupe en a 930. Les dépenses de personnel sont de 271 millions d’€ en 2018 (pour 412 millions d’€ de recettes) et seront de 263 millions d’€ dans 4 ans. On n’a pas fini de saigner. » 

Le maire de Saint-Martin, Claude Féron, estime avoir été trompé : l'hôpital de sa commune risque d'être fermé (photo J.-L. G.).

 

Yann Le Baron (UNSA, CH René-Dubos de Pontoise) a insisté sur la situation de précarité subie par des agents, « des travailleurs pauvres qui gagnent 1 100, 1 200 € et, le soir, dorment dans leurs bagnoles. Les gens qui imposent (cette restructuration) sont tout simplement dégueulasses. » Le syndicaliste pontoisien a « remercié l’ensemble des élus, quelle que soit leur couleur (politique) qui se sont mobilisés depuis plusieurs jours pour essayer, de ralentir, de bloquer ce projet. » Des voix qui portent, quelques banderoles et une foule hétéroclite politiquement : la maire de Beaumont Nathalie Groux et ses adjoints Pierre Foirest et Nicole Hazebrouck ; Jean-Michel Aparicio et ses compagnons de l’opposition ; l'Insoumis Xavier Renou ; l'ex-maire de Beaumont, Fabrice Millereau ; l'ancien député Jean-Pierre Béquet ; le maire de Bruyères Alain Garbe ; celui de Saint-Martin-du-Tertre Jacques Féron. Ce dernier exprimait sa colère face à la probable condamnation de l’hôpital de sa commune, et a vivement critiqué le directeur du GHT Novo. « Monsieur Aubert est prêt à donner le coup de grâce. En février, il m’avait dit qu’on ramènerait de l’EHPAD (Maison de retraite) chez nous, qu’il y a 200 lits à Pontoise, que ça prend de la place. Je croyais à sa parole, j’ai été trompé », assénait le premier magistrat saint-martinois en soulignant que c’est la première fois qu’il s’associe à une action intersyndicale et en annonçant la tenue d’une manifestation le 15 décembre devant sa mairie.

 

Des Beaumontois, leurs voisins de Persan et alentours étaient venus écouter et soutenir les syndicalistes dans leur lutte (photo J.-L. G.).

 

« Saint-Martin est sansdoute la prochaine fermeture, relevait le porte-parole de SUD. Il faut refuser toutes les fermetures de service, la santé et un droit, pas une manne financière, pour eux ce sont des clients, pour nous des patients. Ils parlent argent, nous on parle famille et enfants. » Des mots repris par une femme enceinte qui confiait publiquement, avec émotion, son histoire personnelle avec l’hôpital de Beaumont. « Je suis arrivée en France il y a 12 ans, je n’avais pas de papiers, on m’a soigné comme les autres, sans distinction. Ma petite fille a été brûlée en prenant son petit-déjeuner. Le pédiatre et les infirmières étaient là pour elle, pour moi. » Six mille signatures ont déjà été recueillies. Elles émanent d’habitants du Haut Val-d’Oise et aussi du sud de l’Oise, autour de Chambly, d’où l’on vient pour se soigner à Beaumont.

Les manifestants s'écartent pour laisser la place à un véhicule du SAMU en applaudissant leurs collègues (photo J.-L. G.).