« Jour de fête », le chef-d’œuvre de Jacques Tati (1907-1982), le maitre du burlesque, est projeté au Beaumont Palace les mercredi 18 et dimanche 29 septembre, à partir de 16 heures pour les deux séances d’une durée de 1 heure 16 minutes (cliquer sur la photo pour regarder la bande-annonce). Il est présenté dans le cadre du Festival Play it again dont la thématique est : Que la fête recommence !
L’histoire du film est la suivante : Des forains s’installent dans un village du Berry. Parmi les attractions se trouve un cinéma ambulant où le facteur découvre un film documentaire sur ses collègues américains. Il décide alors de se lancer dans une tournée à « l’américaine ».
Ce film est une promesse de Jacques Tati aux habitants de Sainte-Sévère-sur-Indre, une petite commune au sud-est de l’Indre, tout près de laquelle il s’est réfugié pendant la Seconde guerre mondiale pour échapper aux persécutions qui frappent les Juifs.
Il revient en 1947 dans le Boischaut sud pour y tourner « Jour de fête » en faisant participer des centaines de figurants, tous des habitants, sur la place du village de Sainte-Sévère. Le film sort deux ans plus tard et obtient le prix du meilleur scénario au Festival de Venise en 1949 et le Grand prix du cinéma français en 1950. Son neveu Jérôme Deschamps, créateur des Deschiens, raconte : « Son souci permanent était : qu’est-ce qu’il faut mettre dans l’image ? Comment peut-on en dire plus en montrant moins ? Comment peut-on suggérer ? Comment mettre l’imagination du spectateur en activité ? Et ça, ça traverse tout : ça traverse la façon de jouer avec le son, ça traverse l’économie de l’action. Le fait que ce n’est pas toujours le dialogue qui fait avancer l’action, c’est l’une des clés de son cinéma qu’il a prise au music-hall. »
Si vous passez par le centre de la France, faites une halte à Sainte-Sévère pour aller dans le sillage du vélo du facteur- gaffeur en visitant la Maison de Jour de fête qui présente un scénovision très réussie et une reconstitution des décors du film. Jacques Tati était un personnage hors normes, l’un des premiers réalisateurs français qui séduisit Hollywood. Jusqu’à son dernier souffle, il pensa cinéma, scenarii, scènes, avec un sens de l’observation toujours très aigu. Jérôme Deschamps rapporte cette histoire : « Sur son lit de mort, il a demandé à sa femme et à sa fille de s’approcher. Elles pensaient à un adieu. Mais ces mots ont été : ‘’J’ai l’impression qu’il y a une histoire d’amour entre la fille qui fait le ménage et l’infirmier.’’ »