Le vernissage de l’exposition sur l’histoire du logement social à Beaumont, a lieu le samedi 24 février. Proposée par le Cercle beaumontois du patrimoine, elle est visible jusqu’au 29 avril à l’Hôtel du Croissant.
L’exposition « Cinquante ans de logement social à Beaumont-sur-Oise » est ouverte depuis le 6 janvier. Le vernissage a lieu seulement le samedi 24 février (11 h 30), à l’Hôtel du Croissant (2, rue Basse-de-la-Vallée) car la conceptrice de l’expo, Marlène Herlem, voulait s’assurer de la présence des personnes qui ont collaboré à son organisation par des prêts de documents (photos, lettres, journaux…). Ensuite, vous aurez jusqu’au 29 avril pour la découvrir. Derrière ces panneaux se cachent un travail de longue haleine, méticuleux, puisqu’il a fallu plus de 90 heures de travail à l’auteure pour nous la présenter. « Les rendez-vous, l’écriture, l’installation… énumère-t-elle. J’ai épluché toute la presse entre la fin de la guerre et 1956. »
Après avoir présenté ces 150 années d’imprimerie à Beaumont qui rend hommage à la maison Frémont, la responsable des expositions historiques au Cercle beaumontois du patrimoine a eu l’idée de ce nouveau thème en pensant à la disparition d’Adama Traoré, en juillet 2016, et aux émeutes qui ont suivi ce drame dans le quartier de Boyenval. « Beaumont, ce n’est pas ça, ce ne sont pas ces images très négatives des quartiers, dit-elle en fervente défenseuse de sa ville. Des gens se sentent bien dans les logements sociaux, mais ils ont souvent l’impression d’être mis de côté. Je voulais qu’on les mette à l’honneur. »
Marlène Herlem est remontée à l’avant-guerre avec des documents sur la Société d’habitation à bon marché de Persan-Beaumont, fondée dès 1922, à l’origine de constructions sociales sur les deux communes. Comme en 1933, avec la cité jardin du parc des Tilleuls, rue de l’Isle-Adam, sur des terrains achetés à la société Polliet et Chausson, propriétaire de la cimenterie. Les maisons étaient équipées en électricité. Un luxe suprême pour l’époque.
Après la guerre, il faut reconstruire. Et vite ! La priorité est le relogement des sinistrés des bombardements et les réfugiés. Ainsi naissent les cités d’urgence sous la responsabilité du Ministère des anciens combattants et victimes de guerre. La Cité des Tas de cailloux dès 1945, celle de rue de Verdun en 1954. A sa création, la Cité des Tas de cailloux compte 27 baraquements. En 1966, on en dénombre 61 où s’entassent 235 personnes. « Le gardien s’appelait André Migout. Il devait veiller à ce que les usagers occupent les locaux en bon père de famille, il était chargé de la surveillance de la cité et du maintien de l’ordre », nous apprend Marlène Herlem. Un compromis entre le policier et le grand frère, comme on dit aujourd’hui. L’année 1975 marque sa destruction définitive.
Dix ans plus tard, c'est au tour de la Cité de la rue de Verdun d'être rasée. Le journal Le Régional s'en félicite : « La cité d’urgence n’est plus et personne ne la regrettera ! Pas même les rares habitants qui y demeuraient encore et seront relogés dans les nouveaux pavillons. Leur construction commencera dès que les bulldozers en auront fini avec la cité d’urgence. Cette cité d’urgence, située à la limite de Beaumont, a connu une réelle utilité dans l’immédiat après-guerre quand les terribles bombardements avaient détruit tant d’habitations. Mais on avait longtemps, trop longtemps, conservé cette cité d’urgence, alors que la nécessité n’en n’était plus réelle. Les HLM, qui s’étaient élevés, avaient pris la relève de ces cités d’urgence dont l’aspect évoquait les bidonvilles des pays sous-développés. La verrue de Beaumont a été arrachée au bulldozer ! Le « chancre-mou » - et pour cause les habitations n’étaient pas tout à fait en dur – de la ville de Beaumont va bientôt être remplacé par un ensemble d’une quarantaine de nouveaux pavillons qui, eux, seront en dur. »
Les premiers bâtiments en dur sont sortis de terre peu après la fin de la guerre. Ils sont situés rue Anatole-France, rue Duquesnel et rue Paquet, à partir de 1948, afin de réduire le nombre d’îlots insalubres de la commune. Des maisons à toit plat sont regroupées au sein de la Cité du Maroc, nom officieux en raison de leur blancheur. Elles sont en accès à la propriété. Un projet d’un groupe d’habitations comporte une première tranche en 1954 avec 2 immeubles de 48 logements. Six ans plus tard, on en dénombre 72.
Les immeubles de la tête de pont (de l’Oise) font passer le quartier de l’insalubrité à la modernité. Le quartier Perrine et le bas de la rue Basse-de-la-vallée sont rasés au début des années 50. Deux ans de démolition et de construction décidées par la ville et son maire bâtisseur Léon Siméon (de 1952 à 1965). « On y trouvait l’eau courante, l’électricité (permettant l’installation d’un réfrigérateur), des volants roulants en bois, summum de la modernité », explique Marlène Herlem. En 1954, Le Régional écrit : « Une salle commune avec point de repas et une loggia côté Oise permettra à la ménagère de se rendre à la salle d’eau sans devoir traverser l’appartement. La salle de séjour, tournée vers le midi, possédera un balcon donnant vue sur Beaumont. Chaque logement sera équipé d’un chauffage central SIP avec gaine de chauffage. Les éviers et lavabos seront dotés de l’eau chaude. »
Dans la décennie suivante, l’implantation du Rac répond à une autre pénurie de logements. « Plus de 300 demandes d’un logement parviennent en mairie, raconte Marlène Herlem. Le projet concerne 256 logements et un foyer mixte de jeunes travailleurs avec 66 chambres. C’étaient des vergers et des jardins, il y a eu des expropriations. Les premiers habitants sont arrivés en 1967. Le Rac a été rénové en 2013. »
Enfin, les Hauts de Boyenval, dans les années 70. Ce sont des vergers, à la sortie de Beaumont, dans la direction de Viarmes. Près de la route, on construit l’hôpital psychiatrique Les Oliviers. Il faut loger le personnel. Sur 334 habitants, 200 sont employés à l’hôpital. Ce nouveau quartier (on ne disait pas encore quartier) comporte 90 pavillons et 260 appartements – essentiellement des HLM et 56 ILM pour les classes moyennes. Des expropriations, deux ans de procédure... « Une seule maison sera épargnée, celle de monsieur Legros, rue de Boyenval, en raison de son âge avancé », peut-on lire sur un panneau de l’exposition historique et à la fois qui colle à l’actualité.