La Maison Frémont, une grande histoire beaumontoise

La Maison Frémont, une grande histoire beaumontoise

 

Une exposition sur la longévité de l’Imprimerie Frémont (1839-1978) est proposée à l’Hôtel du Croissant par le Cercle beaumontois du patrimoine. Nostalgie pour les uns du Beaumont de leur enfance, découverte pour les autres d’un riche passé culturel et commercial.

 

« Maison Frémont, 139 ans d’imprimerie à Beaumont-sur-Oise », c’est le titre de l’exposition présentée jusqu’au 11 novembre par le Cercle beaumontois du patrimoine à l’Hôtel du Croissant. Responsable des expos historiques au sein de l’association, Marlène Herlem cherchait un thème après avoir présenté « 1914-1918, les héros des familles beaumontoises ». « C’est Fabrice Millereau qui m’a soufflé l’idée de l’imprimerie Frémont, précise-t-elle. Marie-Jo Warmé m’a fourni de nombreux documents et contacts. »

Cent trente-neuf ans, un record de longévité pour une activité commerciale à Beaumont qui s’étira durant un siècle et demi, jusqu’en 1978 où, faute de repreneurs, les portes de la célèbre maison de la rue Nationale se refermèrent définitivement. Cent trente-neuf ans d’imprimerie, en fait un peu moins, car nous apprend le premier panneau de l’expo, à la création de la société, en 1839, il s’agit d’une librairie uniquement, le préfet craignant la fourniture de tracts aux communistes de la ville. Il accorde son brevet d’imprimeur quelques années plus tard à Charles Frémont, « au nom du roi » et après garanties de la bonne foi et du patriotisme du chef d’entreprise. Une affiche de 1844 fait la publicité d’un grand magasin beaumontois sur plusieurs étages où on pouvait trouver du tissu, de la lingerie, des articles de mercerie... Le Prix Fixe de Beaumont, c’est un peu les Galeries Lafayette locales.

 

La casse, les lettres en plomb des imprimeurs (photo J.-L. G.).

 

Et surtout la carte postale, produit phare de la Maison Frémont. Elle prend son essor sous l’impulsion de Jules, fils de Charles, au début du 20e siècle : 4 000 vues réalisées dans un rayon de 30 kilomètres autour de Beaumont. Le succès commercial est phénoménal avec 1 million d’exemplaires vendus ! Jusqu’en 1904, la photo et le texte cohabitent au recto des cartes ; et l’adresse occupe toute la partie verso.

 

Le témoignage de Pierre Gatellier (photo J.-L. G.).

 

Louis, petit-fils de Charles, le fondateur, prend la succession de son père Jules. Puis l’affaire est dirigée par le beau-fils de Louis, Maurice Warmé. Pierre Gatellier était « arpète » (apprenti) sous ses ordres en 1950. Il avait 14 ans, était l’un des 17 employés, apprenait le métier de typographe et machiniste, qu’il mit entre parenthèses pour servir dans les Chasseurs alpins. « Les communes alentours commandaient chez Frémont, nous travaillions jour et nuit pour la campagne des municipales », raconte-t-il. Son souvenir le plus marquant : « Lorsque nous recevions une nouvelle machine, comme elle ne pouvait passer par l’escalier – l’imprimerie se trouvait au 1er étage -, il fallait détruire une partie du mur, depuis la rue Duquesnel, et le reconstruire après l’installation. » Soixante-ans plus tard, il n’a pas oublié son émotion lorsque Maurice Warmé lui annonça qu’il lui revenait d’étrenner une nouvelle Heidelberg, la Rolls des rotatives ? Un honneur, la reconnaissance de la valeur de son travail. Un travail de labeur, le si beau métier d’imprimeur.

 

. Ouverture les samedis (10 heures à 18 heures) et mercredis (15 heures à 18 heures) à l’Hôtel du Croissant, 2, rue Basse-de-la-Vallée. Entrée gratuite.

 

 

Les panneaux expliquent l'évolution de l 'imprimerie, l'arrivée de nouvelles machines (photo Corinne Lesclingand).

 

UN FRÉMONT PREMIER CANDIDAT RÉPUBLICAIN

A LA PRÉSIDENCE DES  ÉTATS-UNIS !

 

La famille Frémont a un lointain et illustre ancêtre. Il s’appelle John Charles Frémont. Sa famille émigre au Canada au 18e siècle. Il naît en 1813 en Géorgie. En 1850, il est élu sénateur de la Californie. Six ans plus tard, il devient le premier le premier candidat républicain à la présidence des Etats-Unis, et fonde sa campagne électorale sur son opposition à l’esclavage. Cet homme extraordinaire a plusieurs vies. Explorateur, il mène plusieurs missions de reconnaissance dans l’Ouest des Etats-Unis. Général, il est nommé par Abraham Lincoln à la tête des années nordistes de l’ouest durant la guerre de Sécession. Il meurt à New York en 1890, à l’âge de 77 ans.