Plus qu’un salon, « Brigitte coiffure » était un lieu de la vie beaumontoise

Plus qu’un salon, « Brigitte coiffure » était un lieu de la vie beaumontoise

 

Brigitte Messin prend sa retraite. Son salon de coiffure de la rue de la République, à Beaumont, fermera définitivement le samedi 29 juin.

« Le petit mouvement, toujours par ici ? Je vous mets la petite mousse ? » En cette matinée du jeudi 27 juin, Brigitte Messin est aux petits soins pour sa cliente, une octogénaire, une fidèle qui vient pour la dernière fois chez sa coiffeuse attitrée. Samedi 29 juin, à 17 heures, le rideau de « Brigitte coiffure » baissera définitivement après une présence de 37 années à Beaumont. « J’ai racheté le fonds de commerce de ma patronne – plus tard, les murs –, et j’ai ouvert mon salon le 1er janvier 1983 », se souvient-elle. Sont affichés de nombreux diplômes (comme celui attestant de sa compétence à coiffer les futures mariées), témoignages de ses nombreuses formations, de son souci permanent d’offrir toujours plus à ses clients, très majoritairement des clientes, avec la précieuse collaboration de deux employées ayant beaucoup compté pour elle : Angèle au début et pendant 11 ans, puis Nathalie durant 17 ans. Elle a été aussi jury pour les examens pendant une trentaine d’années. Brigitte a beaucoup donné pour son métier. « Je l’ai adoré et je l’adore toujours », dit-elle avec conviction. Surtout elle aime les gens, cela se voit à travers sa bienveillance permanente, un « salut Maryse », un « bonjour Chantal » adressées à des connaissances qui longent son pas de porte sur un trottoir de la rue de la République, à Beaumont. Cette adhérente de la première heure à l'Union des commerçants du Haut Val-d'Oise est la plus ancienne commerçante de la commune avec Martine Gilbert, la bijoutière-horlogère de la rue Albert 1er, qui « vient de faire coiffer », souligne-t-elle.

 

Avec Sarah, son attentive apprentie (photo J.-L. G.).

 

La sonnerie du téléphone retentit. « Ah, Christine ! Vers midi et demi ? Avec plaisir ! » Depuis deux ans en alternance, Sarah est sa dernière apprentie. L’ado est confiante sur un résultat favorable au CAP qu’elle a passée la semaine dernière. Elle aide à la pose de bigoudis avec la précision apprise de sa tutrice pour décorer la chevelure argentée. Passage sous le casque. « Ca va, ce n’est pas trop chaud ? Je baisse. » Toujours une attention, un mot gentil, une écoute que Brigitte a exportée pendant 30 ans dans la Résidence pour personnages âgées de la Forêt de Carnelle. Des vertus qui ont parfois fait ressembler son salon de coiffure en cabinet de psychologue. « Il arrivait que des clientes ressentent le besoin de se confier. Cela ne sortait pas du salon. Mieux vaut aller chez le coiffeur que chez le médecin, mais je ne touchais rien de la Sécurité sociale ! » rigole Brigitte. Et justement, elle pour qui « se reposer n’est pas dans (sa) nature », a été stoppée à plusieurs reprises par des pathologies liées à la station debout et aux postures exigées par son travail. « J’ai été opérée d’un nerf sciatique, j’ai longtemps résisté mais ce n’était plus supportable. Comme je compensais sur une hanche, il a fallu une autre opération ». Et même une troisième pour une main…

Samedi 29 juin, à 17 heures, le salon fermera ses portes (photo J.-L. G.).

 

Comment cette hyperactive occupera-t-elle sa retraite ? Elle fait déjà du sport, au Moving à Mours, « cinq, six fois par semaine. » Les lundi et mercredi, elle occupe de ses quatre petits-enfants. La famille a toujours été au cœur de la vie du salon. « Quand mes trois filles étaient petites, les clientes leur donnaient le biberon, et en grandissant elles faisaient les shampoings. » Son mari a joué un rôle important dans sa carrière professionnelle. « Je le remercie, il s’occupait de la gestion du commerce, grâce à lui j’ai pu mener mon activité aussi longtemps. » Et tenir le coup financièrement. « L’affluence a baissé. Avec les décès et les départs des retraités de Beaumont, je perdais 10 à 15 clients par an. Et puis, socialement, la ville s’est beaucoup dégradée. Comme les charges à payer et l’achat des produits correspondent à mon chiffre d’affaires, cela fait longtemps que je ne me verse plus un salaire. » Elle ne vendra pas son salon, il constituera une pièce supplémentaire du couple Messin. Samedi, juste après la fermeture, et aussi lundi, Brigitte invite ses clientes à un pot de départ.  « Elles ont été adorables, je les remercie beaucoup. » Grâce à leur chère coiffeuse, elles se sentaient comme chez elles.