Gladys Saez dans l’atelier de sa cordonnerie (photo J.-L. G.)
La propriétaire de la cordonnerie du centre E. Leclerc est une ancienne réfugiée politique chilienne. Elle est arrivée en France il y a trente-quatre ans.
Le Chili est à plus de dix mille kilomètres de Chambly, et à la fois tout près. « Je l’ai dans le cœur », glisse Gladys Saez en désignant le drapeau chilien (bleu, blanc, rouge lui aussi, avec une étoile bleue sur la partie en blanc), accroché au mur de sa cordonnerie, près de l’entrée principale de la galerie marchande du centre E. Leclerc, à Chambly. « J’avais 25 ans, j’étudiais à l’université à Santiago, je suis arrivée en France comme réfugiée politique. C’était le 24 février 1982 », se souvient-elle.
Auteur d’un coup d’Etat en 1973, le général Augusto Pinochet avait imposé une dictature militaire à ce pays d’Amérique du Sud qui s’étire le long du Pacifique. On déplora trois mille deux cents morts et disparus, environ trente-huit mille personnes furent torturées. « J’ai été harcelée mais jamais persécutée, raconte Gladys Saez. J’avais de la famille en France, le pays des Droits de l’homme, et comme les autorités ne nous empêchaient pas de partir, j’ai quitté mon pays ».
Le Che et la Singer
Elle y est revenue à plusieurs reprises, à partir de 1990, lorsque Pinochet a quitté le pouvoir. Elle a même pensé y vivre à nouveau. Après une année, elle est retournée en France pour s’y installer définitivement. « Avec mon mari, nous avons vécu à Deuil-la-Barre, nous étions spécialisés dans la chaussure orthopédique : il s’occupait du montage et moi du modelage ».
Après le décès de son époux, elle achète ce commerce (qui propose également des multiservices comme des clés minute, piles pour montres), à Chambly, il y a treize ans. Au fond de la cordonnerie, Che Guevara, immortalisé dans son célèbre portrait, observe une machine à coudre Singer, aussi célèbre chez les couturières que « le Che » chez les révolutionnaires. Gladys est aidée très habile de ses mains. Dans sa tâche, elle est aidée par son fils Cristian, appelé à lui succéder.
