La plage de Beaumont, les souvenirs d’Arlette, la bienveillance de Gabin…

La plage de Beaumont, les souvenirs d’Arlette, la bienveillance de Gabin…

 

La projection de « Chiens perdus sans collier », avec des scènes de Jean Gabin à Beaumont, en 1955, a attiré une centaine de personnes au Palace, toutes conquises par un film familial d’Arlette Lacroix sur la plage.

Le silence est de rigueur dans un cinéma. On a entendu des chuchotements, samedi 30 septembre, au Beaumont Palace parmi la centaine de spectateurs. D’agréables chuchotements car ils réveillaient des souvenirs partagés dans la salle et faisaient jaillir des émotions. Toutes ces sensations parcouraient le public lorsque les images de la plage de Beaumont défilaient sous les yeux des spectateurs redevenus des yeux d’enfants, par la grâce d'un film muet des années 30 appartenant à une Beaumontoise, Arlette Lacroix, âgée de 86 ans. Derrière la caméra,  images son grand-père, « en 1935, 1936 », pense-t-elle. D’autres séquences ont été tournées après la guerre, avec un nouveau pont – celui que l’on connaît aujourd’hui -, remplaçant le précédent qui été détruit pendant le conflit. Ce film précédait la projection de « Chiens perdus sans collier », réalisé par Jean Delannoy, avec Jean Gabin (alors âgé de 51 ans) dans le rôle d’un juge pour enfants bienveillant, dont certaines scènes ont été tournées sur la plage. « C’est plus une soirée autour de Beaumont que de Gabin », constatait Patrick Glâtre. C’est juste, Beaumont et les Beaumontois, ceux d’hier et d’aujourd’hui, en étaient les acteurs, à l’écran et dans la salle. À l’invitation de Ludovic Ledru, le directeur du cinéma, Patrick Glâtre s’exprima avec une double casquette : chargé de mission Images et cinéma au Conseil départemental du Val-d’Oise et spécialiste de Jean Gabin auquel il a consacré plusieurs livres et films. Auprès de lui, Christophe Trinquet, ému (« Je suis comme un petit garçon de six ans d’être ici, car pour moi le Palace c’est le cinéma ! »), qui a restauré et numérisé, via sa société à L’Isle-Adam, le film du grand-père d’Arlette Lacroix. Patrick Glâtre en profita pour lancer « un appel aux personnes qui possèdent des films de famille qui, comme celui-ci, peuvent présenter un fort intérêt patrimonial. »

 

Jean Gabin et le petit Gérard (Jacky Moulière) sur la plage de Beaumont.

 

« Jean Gabin et Dora Doll venaient chez mes grands-parents pour se changer, se souvenait Arlette Lacroix. Mes grands-parents habitaient face au pont, j’y ai passé ma jeunesse, je faisais partie du Caneton-club. Des trains complets venaient de Paris pour profiter de la plage. C’était mon domaine, un point de ralliement pour tous les Beaumontois. Dommage qu’elle ait disparu. On a beau faire des piscines, ça ne vaut pas la plage… », soulignait-elle, nostalgique.

Que voit-on dans ce film d’une vingtaine de minutes ? Des épreuves de natation dans l’Oise. Des jeux nautiques. Un concours de pêche. De jeunes gens qui sautent, en effectuant des figures (les nageurs étaient parfois aussi des gymnases), d’un plongeoir à plusieurs mètres au-dessus de la rivière. « On savait s’amuser », entendait-t-on chuchoter Jacques Lesoille. Et beaucoup, beaucoup, de monde flânant le long de l’Oise. Une sorte de Promenade des Anglais locale. « Ce film est à montrer dans les écoles, suggérait Patrick Glâtre. Boran relance sa plage, l’Oise est plus propre aujourd’hui », faisait-il observer. Nathalie Groux, maire de Beaumont « remerciait Madame Lacroix pour ces témoignages très touchants, émouvants. Remettre en état ce site, je ne vais pas vous dire qu’on va le faire, mais on va s’y intéresser », répondait-elle. Le moment était venu de regarder « Chiens perdus sans collier » et, juste avant, pour Patrick Glâtre de rappeler qu’enfant l’acteur avait vu le pont de l’Oise sauter durant la Première guerre mondiale, qu’adolescent il venait jouer au football à Beaumont avec son club de l’US Méry, qu’avant d’entamer la carrière cinématographique que l’on sait, il travaillait à la cimenterie de Persan. Revenir à Beaumont, en 1955, avait ravi Gabin.

Ludovic Ledru s’adresse aux spectateurs, enchantés par cette très belle soirée autour de Jean Gabin et de la plage de Beaumont (photo J.-L. G.).

 

PATRICK GLÂTRE SUR FRANCE INTER

Patrick Glâtre est l’invité de France Inter le dimanche 8 octobre (21 h à 22 h), lors de l’émission « Ainsi se raconte l’Histoire », présentée par Stéphanie Duncan. Une fiction radiophonique sera diffusée à partir du livre de Patrick Glâtre « Gabin-Dietrich, un couple dans la guerre » (Robert Laffont).