« En avant quand même ! » cria Émile Serbruyns

« En avant quand même ! » cria Émile Serbruyns

 

Émile Serbruyns se maria, vécut et commença une carrière de coureur cycliste à Persan. À l’approche des cérémonies du 11 novembre, hommage au soldat qui tomba le 27 septembre 1915, dans la Marne.

L'adjudant Serbruyns est tombé au « champ d’honneur » durant la Grande Guerre. Son nom a la particularité d’être gravé sur les Monuments aux Morts de Boran et de Persan, les communes où il vécut.

Émile Serbruyns est né le 2 avril 1882 à Ully-Saint-Georges, dans l’Oise. Adolescent, il pratique le cyclisme, termine 2e d’une course de 20 kilomètres se déroulant à Persan à l’été 1896.

Ses qualités physiques exceptionnelles le conduisent à entamer une carrière de coureur professionnel à partir de 1901. À la fin du 19e siècle et au début du 20e, avant la création du Tour de France en 1903, les grandes vedettes ne sont pas les routiers mais les pistards. Émile Serbruyns appartient à cette dernière catégorie de coureurs qui soulève l’enthousiasme du public dans les vélodromes. Il se produit fréquemment sur la piste du Parc des Princes, parfois sur celle de Buffalo, près de la porte Maillot. Parallèlement, il dispute Paris-Roubaix à trois reprises en 1901, 1902 et 1903, année où il réalise son meilleur résultat (15e).

En 1904, appelé par l’armée, affecté dans les Vosges, il est obligé d’arrêter le cyclisme. L'année suivante, il se marie à Agnes Threse, une Anglaise qui enseigne sa langue maternelle à Persan. Leur union est scellée dans la mairie de la commune. Démobilisé, Serbruyns devient successivement marchand de vin, hôtelier et boulanger à Bornel.

L’intensité des combats lors de la Seconde campagne de Champagne où début de laquelle Émile Serbruyns trouva la mort (site www.france-histoire-esperance.com).

 

La guerre éclate. L’adjudant Serbruyns intègre un Bataillon de Chasseurs à pied. La Seconde bataille de Champagne commence le 25 septembre 1915. Comme des milliers d’autres, il n’en réchappera pas. Sa fin, à 33 ans, est racontée dans cet extrait du livre « Campagne 1914-1918 - Historiques des 25e, 65e et 106e Bataillons de Chasseurs à pied », publié en 1935. « Les quatre compagnies du Bataillon non encore engagées, réunies à deux du 29e B.C P., se portèrent encore plus à droite, pour aborder par un autre point la deuxième ligne ennemie. Celle-ci était dissimulée sous bois, protégée par des fils de fer qui empêchaient de la définir exactement ; elle ne pouvait pas être battue par notre artillerie. L’attaque proprement dite ne fut pas déclenchée ; seules nos reconnaissances se portèrent en avant, subirent de grosses pertes, dont l’aspirant Goumy et le sergent Chassaire, un ancien du début, l’adjudant Serbruyns, de la 6e compagnie, qui tombe mortellement frappé en entraînant sa section aux cris de : ‘’En avant quand même !’’, mais nous rapportèrent des renseignements très précieux, à la suite desquels on fit évacuer au Bataillon ses positions trop avancées, y compris celles tenues par les 5e et 6e compagnies. »

« En avant quand même ! » Dans ce « quand même » émerge, face au danger, un courage inouï, sa pleine conscience que lui et ses camarades vivent certainement leurs derniers instants, à Souain-Perthes-lès-Hurlus, un village de la Marne dont une partie ne sera jamais reconstruite. Croix de guerre, citation à l’ordre du bataillon, citation à l’ordre de la Division, citation à l’ordre de l’Armée avec ce commentaire : « Très belle conduite au feu, est tombé mortellement blessé le 27 septembre 1915 en entraînant sa section sous un tir des plus violents en criant : ‘’En avant quand même !’’ »
Émile avait deux filles : Agnès, née en 1906 à Persan, Suzanne en 1911. C’est également dans la commune que la cadette épouse René Hochard en 1931. Huit ans plus tard, le canon retentit de nouveau. Suzanne n’avait pas 4 ans lorsqu’elle perdit son père. La Seconde Guerre mondiale lui arrachera son mari, décédé à Tours, à 31 ans, le 18 juin 1940, le jour où, depuis Londres, le général de Gaulle appelait les Français à résister à l’ennemi.

Les cérémonies à Persan et à Beaumont

Comme chaque année, les Villes de Persan et Beaumont commémoreront ensemble l’anniversaire de la fin de la Guerre 14-18, le vendredi 11 novembre. La première cérémonie se déroulera à Persan avec un rassemblement à 8 heures 45 devant la caserne des pompiers. Le cortège se rendra au Monument aux Morts, place du Souvenir français. A 10 heures 30, on se retrouvera devant le Monument aux Morts, à Beaumont, place Guy-Môquet. Juste en face, à l’école Louis-Roussel, la Ville de Beaumont offrira aux participants le verre de l’amitié.