Michel Françaix est « candidat pour faire front au FN »

Michel Françaix est « candidat pour faire front au FN »

 

Le député et ancien maire de Chambly a officialisé, ce vendredi 3 février, sa candidature à sa propre succession aux élections législatives, sans l’investiture du Parti socialiste.

 

Michel Françaix aura 74 ans le 28 mai prochain, peu avant les élections législatives (11 et 18 juin) où il est candidat au nom du rassemblement des forces de progrès. « Tant d’années n’ont pas émoussé mon envie de continuer à faire les choses, d’avancer », a-t-il souligné ce vendredi 3 février, lors d’une conférence de presse, à l’espace François-Mitterrand, à Chambly. Ces prochains mois, il aura face de lui un néophyte, Johann Lucas (32 ans), secrétaire de la section de Creil du Parti socialiste et candidat officiel. Le PS, le parti depuis 43 ans de Michel Françaix qui pourrait l'exclure en raison de l’attitude d’un homme libre qui « ne veut pas (s)’inscrire dans d’un appareil politique desséché. » A la question : est-ce le combat de trop ? Il répond aussitôt : « Le résultat le dira ». Une certitude : le député (depuis 1988) et ancien maire de Chambly est un lutteur-né. Au fond, cette réflexion que lui a faite son épouse résume parfaitement son extrême motivation dans cette ultime campagne : « Si tu ne gagnes pas, tu me feras la gueule pendant les quinze dernières années de ta vie ».

 

Michel Françaix et sa candidature

« Je suis candidat pour une seule raison : faire front au FN. Si je n’étais pas candidat on pourrait parler de non- assistance à circonscription en danger. On n’a pas gagné de beaucoup aux cantonales face au FN. Je le suis sur mon point d’ancrage, en faisant de la politique autrement, pas par obsession mais par conviction, en rassemblant les forces de progrès. Dans trois semaines, on dévoilera l’équipe et le nom du suppléant. Avant de me décider, j’ai changé d’avis quatre ou cinq fois. Est-ce que ma candidature allait diviser la gauche ? Mais personne ne m’a dit un jour : ‘’Il y a meilleur que toi, n’y va pas’’. » J’ai soixante-dix élus à mes côtés, je vais montrer à ceux qui disent que je suis un homme seul, qui ne veut pas lâcher le pouvoir, qu’ils se trompent. Je dis chiche. »

 

Michel Françaix et son adversaire socialiste

« Je pense qu’on n’a pas trouvé le bon candidat (Johann Lucas). Je ne remets pas en cause sa compétence, son intelligence, son talent. Mais il n’est pas préparé pour gagner. Tout le monde sait que Jean-Claude Villemain (le maire de Creil et son suppléant actuel avec lequel il est fâché) voulait être député, mais ce n’est plus possible avec l’interdiction de cumul des mandats. Et il n’a préparé personne. Les gens veulent un homme, pas une tête, Il (Johann Lucas) habite l’Oise depuis deux ans, je pense qu’il ne sait pas où se trouvent certains communes. C’est le choix entre quelqu’un qu’on voit depuis vingt ans et quelqu’un qu’on voit depuis vingt semaines. »

 

Michel Françaix et le terrain local

« En janvier (période de vœux où le député se déplace fréquemment), j’ai croisé 12 000 personnes et j’ai conversé avec plus de 400 d’entre elles. Leur préoccupation n’est pas de savoir que si Fillon pourra se présenter ou si c’est Durand ou Dupont qui le remplacera. Quand on voit la situation internationale et nationale, le démantèlement de la gauche et l’explosion en vol de la droite classique, ils se raccrochent à des constructions locales. Et j’ai décidé d’agir localement. »

 

« Demain, la seule chose que le PS va faire, c’est voir comment m’exclure. Mais ce n’est pas si sûr que je sois exclu. Dans le parti, il y a des gens derrière moi. » (photo J.-L.

 

Michel Françaix et son « avenir » au PS

« Je suis au PS depuis quarante-trois ans et je me sentirai toujours socialiste. Demain, la seule chose que le PS va faire, c’est voir comment m’exclure. Mais ce n’est pas si sûr que je sois exclu. Dans le parti, il y a des gens derrière moi. Ils sont au courant de ce que je veux faire, et si j’ai attendu les primaires c’était pour ne pas être une gêne. Dans les trois, quatre premiers socialistes, des gens m’ont dit : ‘’Va- y, on te comprend’’. Bien sûr, ils ne peuvent pas le dire publiquement. »

 

Michel Françaix et Hamon, Macron

« J’ai plus d’estime pour Hamon et Macron que pour leurs programmes. Hamon est mon voisin à l’Assemblée nationale. Je lui ai dit : ‘’Tu as fait une bonne campagne des primaires, mais il y a aussi des conneries dans ton programme.’’ Quand il était à l’ENA, Macron a fait un stage de trois semaines à la mairie de Chambly. Le seul pour qui j’avais dit que je ne voterai pas aux primaires, c’est Montebourg, car après le ‘’paraître’’ il y a le ‘’disparaître’’. Moi, je suis moi-même. Ni Macron, ni Hamon. Je voterai pour celui qui fera barrage au FN. Parfois je dis : ‘’ Bande de cons », on ne peut pas se mettre d’accord sur un programme’’ ? »

 

Michel Françaix et l'affaire Fillon 

« Est-ce que Fillon doit rester, je n’en sais rien ? Ma fille travaille pour moi comme attachée parlementaire et elle est intermittente du spectacle. Je me sens très, très à l’aise avec cette situation. Elle bosse une heure par jour, sept jours sur sept et elle est payée l’équivalent de 15 ou 16 heures par mois. Quand j’ai été élu première fois en 1988, je recevais 4 courriers par jour, aujourd’hui ce sont 600 mails quotidiens. »

 

Michel Françaix et les citations de circonstance

« De Gaulle disait : ‘’Quand on prend de la hauteur, il y a moins de monde.’’ Et comme disait Marchais, moi je parle aux gens. Mitterrand racontait que ‘’les gens pensent qu’il faut du punch en politique. Non, c’est encaisser les coups’’. Et c’est sûr, il va falloir démontrer cette capacité à encaisser ces prochains mois. »